Temps de jeu:
2755 minutes
Raincode est un jeu trop atypique pour être critiqué sans préalable, je me permets
alors d’introduire quelques détails
Avant tout, il s’agit d’un visual novel, c’est-à-dire une expérience essentiellement
narrative ou 90% du temps de jeu consiste à lire des dialogues. Thématiquement,
Raincode est un jeu de détective prenant la forme de 5 grandes enquêtes, entre
lesquelles intervient la progression de l’histoire principale. A l’instar des
Danganronpa (la série précédente de ce studio), tout le sel de ces enquêtes se
trouve dans les meurtres à élucider, tous plus loufoques et tarabiscotés les uns que
les autres. Le principe est de lever le mystère sur des scènes de crimes de prime
abord incompréhensibles. Pour ce faire, le joueur collecte d’abord des indices sur
place, puis pénètre dans un labyrinthe (métaphorique), qui le guide par la mise en
scène de sa propre réflexion. Le joueur traverse des épreuves (des mini-jeux) qui le
rapprochent progressivement de la vérité, de l’identité du coupable et du fond de
l’affaire. Tout le plaisir réside dans la lente découverte des indices, dans la poursuite
des hypothèses, et dans les multiples « eureka ! » qui foudroient l’esprit du joueur
lorsque celui-ci parvient à connecter les pièces du puzzle.
Les 10% restants sont consacrés à un gameplay plus traditionnel, mais peu
développé (déplacements sommaires dans une ville, mini-jeux expéditifs, légers
menu-ing). Comprenez que Raincode est un jeu avant tout passif sur lequel se
greffent quelques maigres séquences d’actions pour asticoter le joueur, mais qui
s’avèrent fadasses et maniérées (c’est-à-dire qu’elles interviennent toujours de façon
prévisible et sont toujours introduites par les mêmes visuels, donc des ajouts qui
alourdissent plutôt qu’ils ne mettent en valeur). Au rang des défauts, je me plaindrai
aussi d’une certaine rigidité dans la mise en scène : les personnages bougent peu,
leurs poses manquent de dynamisme, les dialogues traînent parfois en longueur. On
sent que le passage à la 3D (si on compare avec Danganronpa, la série précédente
de ce studio, toute en 2D) a posé des contraintes et réduit le champ d’expression
des personnages, qui apparaissent immanquablement moins stylisés, moins
exubérants, moins cinglés que le fabuleux casting des Danganronpa (encore une
fois).
Mais si la cinématographie manque de patate, le scénario fait le café. Raincode
propose une toile de fond étonnamment riche, qui se révèle subtilement tout en
construisant une tension narrative qui explose dans un final grandiose, feel-good et
chtarbé. On se délecte à découvrir un world-building cohérent, dont tous les
éléments contribuent à une grande fresque, dont il est impossible de soupçonner la
profondeur de prime abord.
Dans l’ensemble, Raincode reste un jeu atypique, audacieux mais maladroit, inventif
mais lourdingue. Comme un bon dîner qui traînerait en longueur : on prend plaisir à
goûter les folles préparations du chef, mais passé le 15 aime plat, on s’impatiente de
recevoir l’addition.
👍 : 1 |
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