Temps de jeu:
371 minutes
Amateur des jeux de FFG basés sur lunivers de Lovecraft, j'étais intrigué lors de l'annonce de ce jeu. Intrigué et intéressé, car FFG semblait vouloir étendre son univers en le rendant plus multimédia. D'abord avec des novellas centrés sur leurs personnages (non traduits en français) puis, plus récemment avec des romans publiés par Aconyte Books dans lesquels leurs personnages apparaissent en toile de fond (deux sont disponibles en français chez 404 pour les curieux).
Le jeu vidéo semblait une étape assez logique, quand on est une boîte qui fait des jeux, surtout après l'expérience réussie de la deuxième édition des demeures de l'épouvante qui rajoute une application pour gérer toute la partie aléatoire et l'avancement du scénario. La création d'Asmodee Digital, groupe centrant les projets numériques des différents éditeurs du groupe a permis entre autres plusieurs adaptations directes de jeux et, ici, Mother's Embrace.
Donc, après cette longue introduction, nous en venons au jeu. Et les problèmes commencent. Car nous avons affaire ici à un ratage assez complet.
De l'univers d'Horreur à Arkham, on retrouve les personnages. Mais ils ne sont nullement développés, tout juste ont-ils des caractéristiques particulières. On a du choix, mais au final ce qui sépare une partie commencé avec Jenny Barnes ou William Yorick est minime. Dommage quand on a travaillé sur plusieurs années à créer un cast de personnages très important. D'ailleurs, au final on verra moins de 20 personnages dans tout le jeu, loin du nombre de personnages créés dans l'univers.
Jouer est ici un acte pénible. Les contrôles sont mous, mal pensés, l'interface est pénible -ramasser un objet et le mettre dans son inventaire prend plusieurs clics- bugue parfois (caméra qui se fige complètement). On se retrouve à passer notre temps à explorer des décors peu inspirés, avec un personnage qui se traîne salement le derche. Un bouton permet d'accélérer, mais la différence entre les eux styles de marche est minime. Au final, on parcourt des niveaux exigus en caméra semi-libre, avec quelques rares fois des plans en caméra fixe. Niveau intensité et visuel, on est bien en-deça de Resident Evil 2, sorti en 1998...
Les missions sont globalement assez courtes, uniquement rallongées par des éléments artificiels : la lenteur du personnage donc, mais aussi des cutscenes inutiles comme lorsqu'on atteint 0 en santé mentale. L'ensemble est terriblement long pour ce que c'est et au passage, le jeu se décide à chaque fois à enclencher le mode vibration de la manette en le réglant à 12, provoquant un semi tremblement de terre chez moi à chaque fois.
Car oui, on perd de la santé mentale dans ce jeu. Et souvent pour rien. C'est une moquerie récurrente faite à l'encontre des jeux "Arkham Files", mais là, c'est vraiment n'importe quoi. On regarde une horloge, elle indique l'heure, test de santé mentale et -souvent- perte d'un point. Comme ça, sans autre forme de procès et surtout sans nous montrer le mécanisme derrière, sans que l'on puisse réellement savoir d'un coup d'oeil si on a une chance de réussir ou non.
Du coup, les phases d'exploration sont des parties de roulette russe. On regarde partout en espérant se ravitailler en matériel (car on part parfois en mission avec un flingue, mais sans aucune munition car un arrêt à l'armurerie avant de se rendre dans un lieu dangereux est apparemment irréaliste) et souvent être déçu car seul le car des objets que l'on peut ramasser va vraiment avoir un intérêt. Niveau armes (car il y a beaucoup de combats, le côté pulp des adaptations de Lovecraft est ici clairement mis en avant), on choisira de toutes façons très vite de ne se consacrer qu'à des armes à feu, plus commodes pour la seule stratégie vraiment viable : tir + vigilance à chaque tour. Le reste est dramatiquement inutile et les armes de corps à corps sont ici plus des blagues qu'autre chose, la faute à un système qui, contrairement aux jeux de plateaux, ne laisse pas de possibilité de rater des tirs ou des attaques au corps à corps, que ce soit pour les investigateurs ou pour les ennemis. Se retrouver en première ligne est donc juste dangereusement létal, surtout vers la fin du jeu, où on a le plaisir d'affronter des ennemis qui explosent en mourant. Super idée.
Quant à l'intrigue en elle-même, même si elle a deux ou trois bonnes idées, notamment un twist à la fin du deuxième tiers, on a du mal à s'y impliquer, notamment à cause de l'impossibilité d'influer sur les choix faits. Le deuxième acte du jeu voit les personnages aller à des endroits qui semblent assez éloignés de leur objectif principal, juste en suivant un bout de trace d'indice. C'est très artificiel et cela n'aide pas, à mon sens, à vraiment s'impliquer dans cette enquête.
Au final, si vous aimez les jeux Arkham de FFG, passez votre chemin, si vous aimez les jeux d'enquête ou les survival horror, passez votre chemin, si vous aimez les jeux, passez votre chemin.
Dommage pour cette fois. Qui sait, si Asmodee persiste, on aura peut-être d'autres tentatives, peut-être plus réussies. Je l'espère, car je les essaierai et je ne souhaite pas repasser un si mauvais moment.
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