Temps de jeu:
857 minutes
Il y a les jeux qu'on conseille aux autres. Et il y a les jeux qu'on ne conseille qu'à soi-même. Riptide GP2 est de cette dernière catégorie. Oui, je l'aime et je l'assume. J'ai mes raisons. Il a plusieurs atouts : son prix, déjà doux plein pot, devient transparent pendant les soldes ; sa jouabilité, très arcade, est simple à prendre en main et, en parallèle de la progression, se dévoile quelques légères subtilités ; son contenu est correct. Il est relativement beau et varié, visuellement très propre, il a le gameplay carré et s'appuie sur des bases efficaces allant de la course classique ou en élimination jusqu'au concours d'acrobaties. En contre-la-montre, on peut courir après les fantômes de ses amis. Victoire après victoire on accumule de l'expérience et des dollars pour s'acheter de nouveaux bolides, capacités et upgrades. Riptide GP2 est solidement fait et il a l'intelligence d'occuper un créneau presque désert : celui de la course aquatique. Si ses serveurs en ligne sont dépeuplés depuis longtemps votre canapé, lui, n'est jamais vide ; le multijoueur local fera honneur aux fesses qui s'y logent, qu'elles soient de passage ou qu'elles y squattent depuis une bonne semaine déjà - c'est un vrai moulin chez vous, il faudrait songer à appeler la police et à expulser tous ces parasites.
Riptide GP2 est donc un jeu qui a le corps et la tête bien faits. Alors pourquoi une recommandation si timide ? C'est simple : malgré toutes ses qualités, il manque à Riptide GP2 l'essentiel : du caractère, de la pêche. Son origine mobile transpire de tous ses pores. Il manque d'ambition, de folie, de rythme. Si ce n'était de tout, Riptide GP2 ne manquerait de rien. Ce petit détail ou cette immense carence qui fait basculer un prototype moyen en un jeu à concept fort, délirant, excitant, passionnant ou difficile dont on pardonnerait l'early access un peu trop longue ou abusive parce qu'on y prendrait grave son pied, ses orteils, ses ongles jusqu'au bout de leur jaune ou de leur flore. Mais non, Riptide GP2 n'a pas de bugs, de store in-game, de contenu trop chiche ou d'autres manques rédhibitoires qui pourraient laisser penser que, dans un autre monde, s'il avait eu plus de temps de développement ou un autre éditeur....non, rien de tout ça. Riptide GP2 est juste bon et c'est là son horreur, son défaut d'être complet et abouti. Il est aussi bon qu'il est banal dans chacun de ses aspects. Le manque de frisson, de rage, de joie, de sensations. Ce n'est pas la ferrari avec laquelle Benzema s'entraîne à percuter des platanes mais le gentil monospace au creux duquel on apprécie le voyage parce qu'on ne s'en contente pas, qu'on regarde ailleurs, parle, compte les voitures bleues qui défilent dans l'autre sens ou écoute Nicki Minaj en session privée sur Spotify. Une partie de Riptide GP2 c'est l'activité de fond d'écran de votre vie : agréable sans être prenant un seul instant. La soupe des papas soumis et des pantouflards vieillis avant l'heure, l'histoire de ce petit garçon qui, lorsqu'on lui propose d'adopter un dauphin ou un requin tigre, choisit de garder son vieil ami le poisson rouge retourné qui "fait la sieste" dans son bocal. Riptide GP2 : la course tranquille. Un jeu qui tient toutes ses promesses mais n'en dépasse aucune, ne surprend jamais. Ce n'est pas tant un os pour satisfaire les affamés de Wave Race qui rongent leur frein depuis trop longtemps, autant jeter une demi tranche de jambon à un lion affamé depuis trois jours quand on porte un collier de saucisses autour du cou, qu'une sucrerie lancée au bec de tous les nostalgiques de VR Sports Powerboat Racing. Je suis sûr que je ne dois pas être le seul. Pas vrai ?
👍 : 15 |
😃 : 14