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1791 minutes
« Bwarf les nanas elles ont des poitrines énormes, c'est un piège à puceaux ». La personnalité du beauf qui dénonce les beaufs, j'vous en remets... « T'façon les personnages ils sont presque tous à poil, c'est juste une combine commerciale ». Le consommateur qui dénonce la consommation, voilà, aussi crédible qu'un anti-capitaliste bouffant dans un McDonald's. Si on le laisse partir au galop, comme ça, il fera un virage sur la Saint-Valentin, sur les fêtes dévoyées par la grande secousse capitaliste -- comme si les fêtes de ce type avaient déjà eu une origine très pure, très louable, que les temps modernes auraient corrompues. C'est son avis.
« Le problème, c'est que y'aura toujours des gens pour acheter ça ». Ah ! ... petit revers sur le côté populaire ; après les patrons, les ouvriers, tout le monde a le certificat d'incompétence ; c'est pour ainsi dire un communisme avec la connerie. Génial ! « Et puis les DLC, c'est le fléau de notre époque, et DOA en a plein »... Là, on l'a perdu ; il fait de l'équitation, à cheval entre la bêtise et l'envie de paraître intelligent.
Franchement, le DLC est un moyen de faire du pognon comme un autre. Serait-il mieux, par exemple, qu'au lieu de DLC, un jeu soit poussé par un dispositif marketing intrusif ? ... En quoi serait-il mieux que des producteurs s'appuient sur des campagnes publicitaires insistantes, envahissantes, plutôt que sur des DLC ? ... Oh certes, on aurait tous moins à dépenser en argent... mais plus à payer en attention ; et une fois l'imaginaire parasité par les pubs, il serait plus docile, plus facile à conduire aux dépenses. Affaire de pognon. Tous les chemins mènent au pognon.
Et les corps parfaits, les proportions excessives, le sex-appeal, pourquoi devrait-il être dénoncé, lui particulièrement, comme une stratégie commerciale ? ... Et la violence, alors ? Je n'crois pas avoir déjà entendu la justice des flagrants délits contre les moeurs dire que Mortal Kombat profitait des joueurs-consommateurs en misant beaucoup sur la brutalité de ses exécutions, sur le gore esthétisé. Pourquoi donc cette fixette incessante sur tout ce qui touche de près ou de loin à la sexualisation du corps ? Pourquoi hiérarchiser les arguments de vente, réprimander l'un en laissant de côté l'autre ? Ils sont partout, ces arguments, et tous convergent vers la même fin : affaire de pognon, de profit.
Alors, pourquoi hiérarchiser ? Susciter l'excitation des joueurs par la décapitation serait-il plus commode que de la susciter par les fureurs charnelles ; attirer par le sang les têtes mal faites serait-il plus sain que d'attirer par le sperme les gonades bien faites ? Allons, c'est absurde ! Soit l'on critique tout de la logique capitaliste, soit l'on ne critique rien ; mais que les dogmatiques se gardent de zoomer sur un aspect moins le reste, sur la branche pourrie d'un arbre moins les racines. Pas de racine, pas de branche.
Et puis, ce sont toujours ceux qui n'ont jamais joué à un Dead or Alive (DOA) que l'on entend fabriquer sa réputation. Réputation artificielle, confisquée par des conclusions sans introduction, par des cantaloups d'la cervelle, et des cervelles de Canteloup ; des imitateurs, répétant ce qu'ils ont entendu ça et là, des perroquets libérés de leur cage. C'est pénible. Si au moins tous ces perroquets partaient vivre en forêt, le nombre de chasseurs triplerait, et leur couleur vive nous manquerait moins que leurs jugements décolorés.
Ecoutez. DOA est la série de jeux de baston la plus accessible. Pas la meilleure, mais la plus accessible, assurément. Coups de pied, coups de poing, deux touches, deux doigts. Une prise de chope, une riposte défensive, et puis c'est marre. J'ai résumé tout le jeu. Les combats n'sont pourtant pas simplistes, et totalement dynamiques ; les contres défensifs sont échelonnés sur trois niveaux (haut, bas, et milieu du corps) ajustables par les touches directionnelles en fonction de l'endroit visé par l'attaque. Pas simpliste, j'disais. Pratique et talent font la supériorité d'un joueur sur l'autre -- comme tous les jeux, vous me direz. à part Nitendogs, Tamagotchi, et la marelle, peut-être.
Du coup, autant je recommande un vieux Dead or Alive 2 sur PS2, autant je déconseille celui-ci. J'ai acquis ce jeu sur PC depuis longtemps, à une période où il était plus complet ; aussi, j'ai obtenu des DLC gratuits. Et quand je vois aujourd'hui ce qu'est devenu DOA5, un tissu troué de DLC coûtant plus cher qu'un plan cu,l parisien rue de la gaité, j'ai de quoi grimacer. Et s'agissant des gens qui n'ont pas acheté ce jeu à la bonne époque, ils ont de quoi crier. Et moi, j'ai de quoi leur dire qu'ils ont raison.
Aussi sûr qu'on ne remettra pas à sa place le dentifrice sorti de son tube, on ne rentrera pas l'argent sorti du compte bancaire pour un jeu fragmentaire, pour des possessions virtuelles décomposées, divisées en pièces de puzzle, pour un ensemble vendu au prix d'une Peugeot 306 d'occasion. Et après avoir acheté ce jeu, quoi ? Combien de temps durera-i-il ? 50, 60 heures, au mieux ? La minute au clavier reviendrait plus cher qu'une nuit dépensée en téléphone rose. Pas drôle, on dira, pas drôle du tout ; ça donne envie de pleurer. Même rivé un après-midi entier devant un écran sur des successions d'épisodes Kaamelott et Malcolm, le rire passerait mal.
On a l'occasion de rire, quand même. Faut être honnête. Le jeu propose un mode histoire, et l'histoire un mode du ridicule : les personnages se battent jusqu'à l'os pour des broutilles. Machin est passé devant Machine sans la regarder ? Machine veut casser la figure de Machin. Machine n'aime pas la couleur d'la moto de Machin ? Machin veut casser la figure de Machine... M'enfin, sérieusement ! Il s'est passé quoi avec les développeurs ? Ils ont subi une ablation de politesse à l'embauche ? ... A un moment, Zack croise Tina et la salue, mais elle bondit soudainement et le défie en duel...
... Ca, même dans Yu-Gi-Oh c'est pas permis ! Mais après tout, vous me direz, dans un monde où les bonjours seraient remplacés par des marrons, au moins, un type comme Macron serait liquidé en trois jours, et un simple "salut" réussirait là où les Gilets jaunes, les syndicats et le coronavirus ont échoué -- ouais, je les compare depuis que j'ai entendu le vice-président du mouvement patronal ETHIC le faire, Léonidas Kalogeropoulos, et sa tête de pie gâtée par son éthique de croque-mort.
Voyez, il inspire DOA5. On en tirerait presque un programme politique, ou en tout cas, un programme tout court, à usage immédiat : fuyez, c'est l'article "A", "B", "C" du programme que j'vous propose, et comme ça jusqu'à "Z"... Fuyez DOA5 comme si un Balrog vous prenait en chasse. Considérez moi comme le Gandalf du porte-monnaie, le détecteur des gouffres financiers autant que le protecteur du Gouffre de Helm. Le bon Gandalf, le bon ami.
👍 : 16 |
😃 : 6