Avis sur Islands of the Caliph

Ce qui m' a donné envie de me lancer dans le RPG "Islands of the Caliph" est sa direction artistique. Le pixel art qu'il propose est en effet très beau, très coloré, avec son design naïf bourré de charme. Cet aspect visuel attire l'oeil instantanément et nous amène à sauter à pieds joints dans l'aventure, laquelle nous propose d'unifier des îles qui ont été séparées les unes des autres après une apocalypse aquatique. Cette quête se déroule dans une mystérieuse ambiance orientale très immersive, que renforce une jolie musique traditionnelle. Parcourir les îles, visiter leurs cités, prendre d'assaut les donjons peuplés de créatures hostiles, faire progresser son personnage au fil de ses voyages, tout cela s'avère hyper plaisant et, sans le défaut majeur que je vais aborder dans douze secondes, je serais en train de vous inviter à abandonner femme et enfants pour consacrer votre vie entière à "Islands of the Caliph". Seulement... Seulement, voilà : si le jeu est graphiquement naïf, il est en revanche très offensif, pour ne pas dire hyper agressif, dans sa portée idéologique. Je précise d'emblée que je ne suis absolument pas islamophobe, mais on peut se demander pourquoi les développeurs ont mis à ce point en avant l'islam dans le scénario, d'autant que le jeu est censé se dérouler dans un Moyen-Âge fantaisiste et imaginaire. Il y a quand même une quête qui consiste à rencontrer cinq individus disséminés un peu partout sur la carte pour qu'ils nous apprennent les cinq piliers de la foi, avec à chaque fois une petite tirade explicative pleine de zèle religieux. Et que dire de cette invitation à nous faire prier cinq fois par jours, en cliquant sur l'item d'un tapis de prière ? Plus le personnage prie, plus il est susceptible de recevoir un petit bonus à son total de XP... Propagande, vous avez dit propagande ? Malgré cela, je serais quand même allé au bout du jeu. Mais c'était sans compter sans son aspect - qui découle du point précédent - incroyablement moral, pour ne pas pas dire moraliste. À un moment, on est amené à rencontrer un individu présenté comme malfaisant, le capitaine Harb, un pirate bien décidé à foutre le bordel dans la région. Plusieurs missions facultatives nous sont proposées pour aider le cap dans sa tâche perturbatrice, comme réaliser des larcins ou l'aider à perpétrer des attentats sur des bateaux. Comme j'aime les pirates, la malfaisance, le bordel (les bordels aussi) et les tâches perturbatrices, je me suis empressé de faire tout ce que me demandait Harb. Conséquence directe : je me suis fait arrêter par les autorités, ai été emprisonné pendant cinq années et, quand le jeu a repris et que je me suis retrouvé à nouveau dehors, j'étais absolument à poil ! Tout mon équipement et toutes mes possessions m'avaient été retirés, ainsi que tout mon argent. Une lente progression de trente heures venait d'être anéantie sous mes yeux écarquillés. Je devais tout reprendre à zéro, ce qui consistait à ce stade, vu le point où j'étais arrivé et vu l'obstination demandée, à me faire éjecter du jeu. Oui, c'est ça : "Islands of the Caliph" m'a littéralement éjecté parce que j'ai décidé de ne pas me plier à sa vision du monde. Si le jeu propose des quêtes pernicieuses, ce n'est pas pour permettre au joueur de varier les expériences, c'est pour le punir s'il décide de se lancer dans la voie du désordre. Ça, ça n'est pas acceptable. C'est rompre le contrat ludique qui existe entre un jeu et un joueur. Et je ne participerai pas à cette mascarade en recommençant tout depuis le début pour me comporter de la manière que les créateurs l'attendent. À la place, je vais retourner écraser des gens dans "Carmageddon".