Temps de jeu:
301 minutes
A vouloir être un jeu, 11-11 Memories Retold finit par se perdre...
Pourquoi y jouer ? Pas pour la majorité de son gameplay malheureusement. Qui a envie de pousser des caisses ou tourner des manivelles avec des personnages peu maniables et des contrôles ratés pour faire avancer l'histoire ? Pas non plus pour la grande majorité de ladite histoire, qui ne décolle qu'à de rares moments (pour peu que l'on se soit un minimum intéressé à la Grande Guerre). On retrouve un peu la même chose que dans le jeu "Soldat Inconnu", un enchaînement des grands thèmes de la 1e Guerre Mondiale : les tranchés, les tunnels, les camps de prisonnier, l'amitié malgré la guerre... et, pour 95% du jeu, c'est tout... Les 5 derniers pourcents sont à mon sens les plus mémorables, et pourtant les plus narratifs, on ne touche presque pas aux commandes. C'est ce type de contenu que j'aurais aimé voir (je ne vais pas divulgacher comme disent les jeunes), des moments forts, avec une tension palpable et de vrais enjeux liés aux conséquences d'actes passés dans ce contexte guerrier. Au final, j'aurais préféré que le jeu soit moins un jeu et plus un film interactif, les différents embranchements et leurs conséquences étant autrement plus intéressants que de courir après un objet X ou Y au cours d'une phase de recherche.
11-11 propose d'incarner deux personnages en parallèle (et un chat, et un oiseau... oubliez ça) : un soldat allemand père de famille et un jeune photographe canadien parti à l'aventure pour impressionner sa belle. La partie avec l'allemand est assez ennuyeuse si l'on considère que l'on est face à un jeu, c'est vraiment un enchaînement de phases FedEx, de puzzle rendus parfois peu lisibles par la direction artistique (on en reparlera) et de recherches d'objets en tout genre. Par contre, la campagne du canadien propose une belle mécanique : la photo. Certaines vues sont imposées, elles font partie de l'histoire principale, mais vous pouvez toujours les cadrer comme vous le voulez. En bonus, vous pourrez les utiliser ou les revoir à certains moments de l'histoire. C'est assez marquant et l'on peut s'amuser à raconter ses propres histoires, la plupart des décors ayant plus ou moins été pensés pour. En dehors de ça, les mécaniques de jeu sont malheureusement les mêmes. Je regrette que les développeurs n'aient pas joué à fond la carte du narratif, pourtant assez populaire en ce moment, pour accoucher à la place d'un jeu moins que passable dont la plupart de phases de gameplay sont vécues comme un frein à la progression d'une histoire pourtant pas inintéressante une fois qu'elle est lancée.
Si l'audace visuelle du jeu est à saluer, elle n'est pas toujours très heureuse. En effet, si certains décors et ambiances fonctionnent vraiment bien et créent une atmosphère assez forte, d'autres sont juste des fouillis illisibles. Dans l'ensemble, c'est correct, mais la technique gagnerait à être affinée. Musicalement rien à redire en revanche. Olivier Derivière signe encore une belle bande originale, tout à fait dans le ton du jeu.
Le ton du jeu justement, est assez proche de celui du "Soldat Inconnu", mais plus subtil, moins "les gradés sont tous des méchants et les soldats étaient tous gentils". C'est l'histoire des liens improbables et des hasards que crée un conflit de cette ampleur. Tout comme son homologue français, 11-11 est finalement marquant dans ses derniers instants, quand on observe vraiment les effets de la guerre sur les Hommes. La principale différence avec "Soldat Inconnu" est que le thème militaire du jeu n'est jamais mis à l'écart. On porte toujours un uniforme, on fait toujours partie d'une armée, ce qui me semble être la moindre des choses quand on prétend faire un jeu sur le devoir de mémoire (je digresse). Si les trois premiers quarts du jeu porte ce même ton "positif" voire gentillet sur la guerre, la fin peut, selon vos choix, devenir beaucoup plus sombre. Les seuls moments intenses concerneront les personnage, pas les batailles, dont la mise en scène est parfois presque malheureusement risible. Globalement, la campagne allemande est plus chargée de sens et de moments forts, et la campagne canadienne plus "agréable" à jouer.
Pour résumer, si vous hésitez entre "Soldat Inconnu" et 11-11, je pense que 11-11 fait un travail plus nuancé. Mais encore une fois, ces jeux "anniversaires" peinent à montrer autre chose qu'une version très édulcorée et "amitié entre les peuples" de la Grande Guerre (ce que je peux comprendre). Ce ne sont pas de bons documents historiques, et leur valeur en tant que jeu est très discutable.
Cependant, les multiples choix et fins possibles de Memories Retold m'ont rendu curieux, et ayant maintenant les solutions des passages ennuyeux en tête, j'aimerais vraiment voir ce que le jeu peut encore avoir à dire.
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