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3652 minutes
Un Egyptien en Egypte ; un Japonais au Japon ?
En pleine tourmente Ubisoft, j’ai pris le temps de tâter Assassin’s Creed Origins, sorti en 2017, un épisode marquant un tournant majeur pour la licence fétiche de l’éditeur français. Vous l’aurez compris à la note, j’ai globalement bien apprécié mon expérience, et je suis même heureux qu’Ubisoft ait osé ce virage à l’époque notamment lorsqu’on sait à quel point la licence tournait en rond depuis des années. Ils ont enfin changé de moteur, enfin repensé le game design, et injecté une bonne dose de fraîcheur avec un monde ouvert convaincant techniquement, servi par une direction artistique impressionnante. L’ajout d’une dimension RPG légère avec équipements à looter selon leur rareté, progression de niveaux, et compétences à débloquer, fonctionne plutôt bien. Disons que ça ne révolutionne rien, mais ça donne un nouveau souffle à la série, qui en avait cruellement besoin. Cela dit, ce virage “faussement RPG” aurait mérité un meilleur équilibrage : trop de loot tue le loot. On passe plus de temps à recycler des épées et des arcs identiques qu’à réellement s’attacher à une arme ou à un style de jeu. Il aurait fallu moins de butins mais plus marquants, plus significatifs. Là, ça donne l’impression d’un système inspiré des RPG modernes mais sans l’intelligence ou la profondeur qui va avec.
Côté scénario, Assassin’s Creed Origins ambitionne de nous faire découvrir les origines antiques de la Confrérie des Assassins. C’est en Égypte qu’il faut cette fois voyager dans le temps pour suivre le destin tragique de Bayek, un Medjaÿ rongé par la colère et le deuil, et de sa compagne Aya. L’histoire repose sur un drame personnel fort dès les premières minutes, ce qui permet d’installer rapidement des enjeux crédibles et émotionnels. Cependant l’aspect monde ouvert vient diluer l’intensité dramatique du récit principal. On saute d’une quête à une autre, on va chasser des crocodiles, résoudre des mystères, libérer des camps ennemis, tout en perdant un peu de vue le fil rouge de l’histoire principale. Certes, les missions de l’intrigue principale bénéficient d’un traitement soigné, avec de belles cinématiques et une mise en scène plus maîtrisée que les quêtes secondaires. Mais malgré ça, les motivations réelles des antagonistes restent parfois floues, et on finit par enchaîner les assassinats sans trop savoir pourquoi on élimine un tel ou un autre. Idem, l’histoire d’amour entre les deux protagonistes principaux ne m’a pas convaincu, on n’y croit pas, c’est forcé, et la direction que prend le couple jusqu’au dénouement final est absolument risible. Dommage. Le jeu n’en reste pas moins très généreux en matière d’univers, avec des rencontres historiques marquantes (César, Cléopâtre, Ptolémée) et une volonté de reconstruire une Égypte antique crédible.
Il s’agit probablement du point fort de cet Assassin’s Creed Origins : le titre du géant français parvient à nous faire voyager comme rarement dans un jeu vidéo. Sans même parler du fond ou de la licence Assassin’s Creed, si vous cherchez un jeu pour découvrir et parcourir l’Égypte antique, il faut vous procurer ce jeu absolument. De la découverte des tombeaux enfouis jusqu’au sommet des gigantesques pyramides, des rives foisonnantes du Nil jusqu’au légendaire phare d’Alexandrie, en passant par les déserts arides balayés par le vent, tout est parfaitement modélisé et crédible. La direction artistique, le souci du détail, la cohérence des environnements tout concourt à une immersion totale. L’environnement est tellement réussi qu’il devient le moteur principal de la rejouabilité du titre, et la première motivation du joueur à poursuivre son aventure, même lorsque l’histoire ou le gameplay montrent des limites.
Le plus important dans un jeu vidéo, c’est la maniabilité, le gameplay de manière générale. Dans cet épisode, je l’ai trouvé particulièrement convaincant. Ubisoft ne part pas de rien : ils ont derrière eux près de dix ans d’expérience sur leur propre formule, et nous livrent ici une mouture plutôt souple et dynamique, dans la continuité de l’évolution amorcée avec Unity en 2014. Il subsiste bien quelques errances de collision durant les combats, mais il faut reconnaître que la formule a été une fois de plus améliorée. Les ennemis n’hésitent plus à vous attaquer à plusieurs simultanément, loin de la farce des anciens épisodes où, même en infériorité numérique flagrante, les adversaires vous attaquaient un par un en regardant leurs collègues tomber les uns après les autres. Cela dit, l’aspect RPG introduit dans Origins peut engendrer des situations absurdes. Le monde ouvert étant découpé en zones de niveaux, un simple soldat lambda peut représenter soit une menace dérisoire, soit un danger mortel pour Bayek… en fonction de la zone où il se trouve. Un garde niveau 10 se fait balayer d’un revers de lame, alors que son cousin niveau 25, un peu plus loin sur la carte, vous ouvre en deux sans forcer. Niveau immersion et crédibilité, on a vu mieux. Bref, globalement, on prend plaisir à évoluer dans cet environnement. Les combats sont intuitifs (même s’ils deviennent trop faciles avec le temps), et les nombreux points de téléportation ou les montures n’entravent en rien l’envie d’explorer — ce qui, selon moi, est fondamental dans un jeu disposant d’un monde ouvert aussi vaste. Dernier point en demi-teinte : j’ai trouvé la jouabilité des montures assez moyenne. On ne ressent pas particulièrement d’envie de les utiliser ; la marche à pied reste souvent préférable.
J’ai parlé de l’exploration, mais je ne vous ai pas encore donné mon avis. On connaît Ubisoft : ils adorent tartiner leur carte d’un tas de conneries ou d’activités démotivantes à la longue, tant le nettoyage de la carte s’apparente parfois à une corvée (j’ai Unity en tête, avec littéralement des centaines et centaines d’icônes sur la mini-carte de Paris). Les développeurs semblent enfin avoir compris la leçon après des années de grogne et de dérision des joueurs. La carte est grande et propose son lot d’activités répétitives et connues, comme le nettoyage de camps de soldats, la recherche de butins, la découverte des points hauts, ou encore la chasse aux animaux pour récolter leurs ressources. Mais Origins propose aussi son lot d’originalité avec les tombeaux à explorer, les points de méditation, les boss divins à affronter à intervalles réguliers, ou encore les conversations stellaires avec son fils sous forme de mini-jeux. J’ai été agréablement surpris par la bonne répartition des activités. Ils ont compris qu’il ne servait à rien d’en foutre partout, et j’ai beaucoup apprécié, par exemple, que certaines régions de la carte ne disposent pratiquement d’aucune activité. Enfin, certaines activités sont cachées (méditation, tombeaux) même si vous avez découvert la carte. Il faut donc réellement explorer pour les dénicher. Faire le 100 % sera bien évidemment long, mais le jeu vous fait comprendre qu’il n’est pas nécessaire de vous y atteler. Il vous offre un butin important tout au long de l’aventure, et exclut les items légendaires de l’exploration. Ces derniers s’obtiennent le plus souvent en réalisant des quêtes secondaires, pas en fouillant chaque coffre d’Égypte. En ce qui me concerne, j’ai terminé l’aventure en près de 61 heures avec 70 % des succès (chiffre rabaissé car le 100 % contient tous les succès des DLC que je n’ai pas faits).
En conclusion, Assassin’s Creed Origins marque une étape importante pour la saga. [...]
Suite et fin de la conclusion sur : https://www.senscritique.com/jeuvideo/assassin_s_creed_origins/critique/231643293
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