Temps de jeu:
455 minutes
Martha is Dead est un jeu que j’ai suivi assez tôt depuis son annonce, et que j’avais pu tâter lors de la sortie de la démo.
Le sujet traité est intéressant, a le mérite de sortir des sentiers battus et de proposer une expérience finalement très particulière.
En effet, le postulat de départ est dur, très dur même, mais le jeu se vit pour la majeure partie de jour, et dans un cadre champêtre qui plus est.
Martha et Giulia sont sœurs jumelles et vivent une adolescence compliquée en raison de la préférence des parents pour l’une au détriment de l’autre, qui est vue comme destructrice de la famille et du potentiel de sa sœur. Lorsque Martha meurt assassinée au bord d’un lac, Giulia saisit l’occasion d’usurper l’identité de sa sœur afin d’encaisser le choc, de devenir sa sœur, mais surtout pour préserver le relatif équilibre familial, famille qui serait anéantie que la « meilleure » sœur soit morte.
On apprendra bien évidemment au fur-et-à-mesure que les choses sont peut-être plus compliquées qu’elles n’y paraissent au premier abord.
Cela se passe dans le contexte de la seconde guerre mondiale. Le père des jumelles travaille pour les Nazis et la résistance se fait un peu plus pressante aux alentours de la sublime demeure familiale, ce qui donnera d’ailleurs lieu à toute une histoire parallèle et secondaire.
Difficile d’aller plus loin dans les explications sans déflorer ce qui fera le sel du jeu.
L’objectif sera donc évidemment de découvrir ce qui est arrivé à Martha.
La principale mécanique du jeu sera articulée autour d’un appareil photo, qui est la véritable passion de Giulia. Elle retrouvera des pellicules, mais prendra également ses propres clichés. On sent ici une grande méticulosité de la part des développeurs. En effet, toute cette partie bénéficie d’un soin de passionnés. Que ce soient les explications autour de la prise de vues, des types d’objectifs ou de pellicules, mais également dans le développement de ces dernières.
En effet, époque oblige, vous devrez développer vos photos. A l’ancienne, avec les bacs de trempage. Tout est expliqué la première fois, mais ce n’est jamais rébarbatif car on vous donne la possibilité d’en savoir plus uniquement si vous le voulez, et de zapper les étapes lors des développements ultérieurs. C’est un petit gimmick jamais prise de tête et qui renforce l’immersion.
Mis à part cela, nous sommes face à un walking simulator finalement pas si classique, de par sa liberté de mouvement. Nous ne sommes jamais vraiment guidés (mis à part une liste d’objectifs) et nous avons accès à à peu près tous les lieux dès le départ, favorisant l’exploration ou la curiosité.
Ce qui fait la grande force du jeu à mon sens, c’est la qualité de l’environnement. Les paysages sont crédibles et la demeure familiale possède un cachet indéniable. C’est bourré de petits détails et on se projette facilement dans les lieux. Ca donne limite envie d’y habiter. Encore une fois, cette insouciance tranche avec le récit, pas vraiment joyeux.
Pour tout dire, seule la conclusion m’a laissé sur ma faim. Pas en termes de scénario, mais en termes de mise en scène.
Impossible également de ne pas revenir sur la mini polémique concernant les passages « insoutenables » qui ont valu une censure de la part de Sony. Concrètement, c’est beaucoup de bruit pour rien. Il n’y a rien de plus dérangeant que ce qu’on voit dans bien des jeux. Replacé dans le contexte, ça l’est même moins, car c’est toujours pleinement justifié par le scénario et ce que traverse Giulia. C’est infiniment moins gratuit que les démembrements d’un God of War ou les exécutions froides d’un The Last of Us.
Sur une note technique, pour conclure, le jeu s’est grandement amélioré depuis la démo et tourne comme un charme sur ma configuration avec tous les curseurs poussés au maximum. Je n’ai eu qu’un seul bug de script en voulant récupérer un objet que je n’étais pas sensé récupérer si tôt, je n’ai eu qu’à relancer la sauvegarde automatique.
Martha is Dead a donc été pour moi une expérience vraiment satisfaisante au global, et ça fait du bien d’avoir des productions encore capables de sortir des sentiers battus, ces thématiques étant particulièrement sensibles pour moi. Je ne peux donc que fortement le recommander.
👍 : 36 |
😃 : 1