Temps de jeu:
401 minutes
J'ai la tristesse de ne pas recommander le jeu. J'avais envie de l'aimer, mais il est trop bancal pour cela.
J'ai fini le jeu avec la meilleure des fins (l'éveil du Dieu trucmuche) au bout du 5ème ou 6ème rush je crois depuis que j'ai acheté le jeu.
Positif :
-Concrètement, le parti pris graphique est très bon. Et c'est moins le monde bicolore qui m'a plu que le vrai design des personnages et de la cinématique du sacrifice (qui devient très très vite répétitive cela dit).
- Concrètement aussi, le thème du jeu est vraiment chouette. Diriger une secte, faire brûler des bouquins, imposer la pénitence, l'austérité, torturer les hérétiques, le fanatisme (les 5 catégories du jeu). Faire l'inquisition et en confession obtenir la vertu et le vice de chaque villageois (30 villageois). Les quelques événements aléatoires où il faut choisir entre deux malheurs ou deux bonnes nouvelles. L'histoire de contamination (pas trop détaillée cela dit, on en sait rien de rien au fond) avec les gens qu'on enferme dans des cages et que l'on trempe dans de l'eau inconnue pendant 3 mois pour les purifier. Les rêves prémonitoires qui en fait nous donnent une sorte de quête/conseil/priorité de villageois à sacrifier et domaine à favoriser (on sait pas trop le rapport de ces rêves d'ailleurs sur le jeu ? Je croyais que c'était des quêtes mais en fait il se passe pas grand chose quand c'est pas respecté on dirait).
Les négatifs :
- Eh bien, le revers, c'est que je viens littéralement de tout dire niveau background. Vous n'en saurez qu'un ou deux cheveux de plus dans le jeu, mais vraiment, là, vous avez tout. Il y a des boîtes de dialogue qu'on lit avec plaisir à la première partie avant de se rendre compte qu'elles sont peu utiles, aléatoires. En fait, tout dans le jeu, participe à l'ambiance, mais rien n'y ajoute une pierre à l'édifice. Un villageois est timide ? Il dira "vous... vous êtes sur ?" et voilà. On creuse pas plus que ça l'univers, on en reste au 1er degré.
- Personnellement, je suis déçu de savoir que le Dieu existe vraiment. Du coup, ce n'est pas une secte dictatoriale qui soumet son peuple. Les gens qui trouvent des bouquins, remettent en question le culte, doutent du Dieu, eh bien, ils ont tort. Le Dieu existe vraiment. On l'invoque à la fin du jeu, et toute façon le jeu dès le début nous place vraiment dans une position où nous, on sait qu'on a aucune raison de douter. Du coup on ne ressent pas vraiment le problème de brûler "sur son ordre" les bouquins, torturer des gens, etc. On le fait en robot obéissant, mais au fond, comme on peut pas y réchapper; torture toi maintenant ou tu iras en enfer te faire torturer... D'ailleurs je précise que le jeu ne donne jamais la possibilité au joueur de douter lui-même du culte, ou d'être dans le pardon, de participer à une opposition ou quoi, non du tout. On applique juste à la lettre.
Donc thématiquement, le jeu est creux une fois son propos fondamental et originel d'énoncé (que vous pouvez simplement lire sur la page du magasin steam !).
- C'est vrai qu'au bout d'un moment, le grahisme et design... Bon. Ca crève un peu les yeux quand même. Mais franchement, ça passe mieux que ce que je craignais.
- Enfin, et surtout, le GROS POINT NOIR DU JEU : c'est que si Shrouded Isle avait eu un tutoriel, je peux assurer que le plaisir du jeu passerait d'un ok/20 à bidon/20 immédiatement. Pourquoi ? Parce que finalement le plus grand plaisir, cela a été de découvrir dans les 2 premiers rushs les mécanismes du jeu en les subissant, en s'imaginant des trucs, en évoluant dans un monde où on nous apprend rien. On est frustré, mais on s'imagine plein de trucs. C'est ce qui donne envie d'aimer le jeu. Sauf qu'au bout du 2e rush, j'avais déjà 90% des mécanismes du jeu de découverts, avec la façon de jouer. Un joueur qui se la joue "narratif immersif" est certain de perdre et d'être déçu. En fait, les mécanismes du jeu, ce n'est qu'un immense jeu de comptabilité cachée. Un immense problème mathématique à réajuster à chaque "tour" (puisqu'en fait, une saison, c'est un peu comme un tour d'un jeu de société, où on jouerait seul...). Vraiment. Au 3ème rush, animé simplement par le désir masochiste de finir le jeu, je ne lisais déjà quasiment plus rien du texte. Je faisais juste de l'équilibrage budgétaire. La vitesse de mon clic est devenu ultra rapide, passant du contemplatif à l'optimisateur fou. Et d'ailleurs, le jeu est assez facile. Puisque après quelques erreurs à la noix qui m'ont fait faire game over en râlant, et apprenant les nouveautés mathématiques mécaniques du jeu (tiens, sacrifier un vice majeur -30 ça donne pas +30 mais +15... du coup il me manque les points sur lesquels je tablais, et boom je suis en-dessous de ce qu'il faut, game over. Passionnant isn't it ? Quoi ? On a sacrifié quelqu'un ? Ah oui c'est vrai...). Le jeu est ultra répétitif y compris à l'intérieur d'un même rush. Mon rush victorieux, pétard, sur les 5 années, les 3 dernières je les ai senti passées. C'était l'autoroute. J'avais déjà tué/trouvé tout les vices majeurs, j'avais juste à alterner entre les maisons pour contenter chacune. Passionnant !...
Le jeu Gods will be watching fonctionne également sur ce fonctionnement de barres à niveller (sauf que dans Gods, elles sont cachées et il y a une part de prise de risque qui à la fois frustre et à la fois stimule l'envie de jouer). Je trouve Gods mécaniquement bien plus intéressant et jouissif. Le gameplay de Shrouded isle est un calcul mathématique permanent mais même pas intéressant pour de vrais matheux, je précise. Surtout dès lors qu'on a pigé les "règles du jeu". Je le répète, le seul moment intéressant du jeu, c'est quand on le lance pour la première fois et qu'on s'imagine des choses. Le jeu est mille fois moins narratif qu'on le croit. Et pourtant c'est sa seule qualité... (avec le petit parti pris graphique).
Un jeu à refaire, à ébaucher, à transformer en jeu de société, à épurer, à amplifier, à insérer dans un univers plus développé, à insérer sa "mathématique" dans de la prise de risque et du jeu psychologique. En l'état, c'est une micro expérience ludique. Que j'ai totalement résumé dans cet avis... Et mérite pas plus que le coup d'oeil sur une vidéo youtube pour calmer la curiosité. Et je suis triste d'écrire tout cela ! Même en promo, ça c'est pas une affaire, je pense me le faire rembourser. Ah au fait les 7 fins, c'est une bonne fin, une fin chelou (et j'ai la flemme de la faire), et 5 fins où on termine le jeu mais on a pas tué tous les vices majeurs (et donc il y a 5 mauvaises fins puisque les 10 vices majeurs se répartissent selon les 5 domaines). J'ai jamais eu de mauvaise fin, je pense même que ça doit être bien plus dur d'avoir une mauvaise fin qu'une bonne fin... Mais bref.
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