Temps de jeu:
820 minutes
Une des rares fois où je me suis dit "heureusement que je ne suis pas un journaliste JV" en songeant à ceux qui doivent dépasser les premiers niveaux par probité intellectuelle.
Comme pas mal de monde, j'ai acheté Balrum en repensant aux quelques chouettes dizaines d'heures que le second épisode d'Eschalon était parvenu à engloutir mais force est de constater qu'il existe un fossé entre les deux titres. Ce n'est même pas de la faute des développeurs qui n'ont, semble-t-il, pas vendu ça comme un jeu similaire ni un hommage.
La recette de Balrum reste toute de même assez simple, sorte de mélange entre les Ultimas d'après certains, le premier Diablo (dans la lenteur...), la série des Eschalons avec une touche de Stardew Valley. Jeu de rôle bac-à-sable, le soft vous lâche dans un univers assez étendu au scénario que j'ai trouvé, pour ce que j'ai pu lire et essayer, assez peu prenant. Pour résumer la chose rapidement, on nous narre une sorte de déstabilisation d'un royaume fantastique quelques dizaines d'années avant que s'amorce l'aventure. Votre peuple se réfugie dans "les bois" (vraiment) et vit donc à l'abri du monde extérieur dans l'espoir que ce bronx s'apaise un jour. Vous incarnerez ainsi un personnage fixe (ce qui sera un moins pour certaines personnes) dont vous déterminerez à peine les caractéristiques avant d'être projeté dans l'histoire qui démarre sur l'incendie de la maison, événement faisant écho à la mystérieuse disparition d'une famille voisine.
Clairement, sans rien gâcher de l'histoire, le peu que j'ai lu a vraiment peiné à m'impliquer mais ce n'est même pas vraiment du à la narration en elle-même. Je pense en fait que l'expérience est parasitée par l'équilibrage assez étrange du jeu. Ce dernier mélange une progression en temps réel et des combats au tour-par-tour. Cette base sert donc de prétexte à une formule de survie particulièrement primitive et qui m'aurait probablement déjà fait soupirer à l'époque de la sortie du jeu. Votre personnage aura ainsi très régulièrement faim, soif, etc, chose qui devrait relever du détail si l'exécution de chaque tâche n'était pas une corvée, y compris dans la zone mimant le Havre-sac de Dofus (oui, j'ai osé). Et le système de gestion des collisions ainsi que le ciblage brouillon des éléments du décor n'aide vraiment pas, ici.
Ainsi, tout est lent à commencer par votre personnage et chaque action prend du temps, sans forcément demander beaucoup d’interaction en plus, laissant l'impression générale de progresser dans la mélasse. Et une putain de mélasse bien épaisse à mémé hein. Une des autres critiques du magasin évoque un personnage rendu au niveau 8 en 50 heures de jeu, j'ai pour ma part atteint le niveau 3 en un peu plus de dix heures en essayant tant bien que mal d'amasser quelques deniers à l'aide un système d'agriculture vraiment générique.
On se surprend ainsi parfois à regarder la fiche de personnage au détour d'une des dizaines de saloperies ramassées, en se demandant pourquoi on ne peut pas encore la manipuler ni l'intégrer à une recette, la progression dans une spécialisation (martiale ou non) dépendant de vos rapports avec tel ou tel maître de discipline ou de votre chance à trouver un grimoire... Mais également de votre capital ! Le titre prend donc vite des allures de jeu gratos ou autre free-to-play et vous enferme assez rapidement dans une boucle de jeu relativement aliénante.
L'expérience n'est en outre pas relevée par une interactivité générale très simpliste avec le monde, des combats tout aussi sommaires et une progression assez linéaire. Il existe évidemment quelques exceptions, comme certaines quêtes à faire en suivant une certaine séquence sous peine de risquer d'en foirer une. Ou même quelques énigmes disposées tant dans le monde que dans les donjons : j'ai par exemple beaucoup aimé le coup des projectiles à rediriger à l'aide de rochers. C'est tout-de-même dommage que l'aspect jeu de rôle soit réduit à peau de chagrin dans un jeu qui titille pourtant autant le thème du bac-à-sable.
En revanche, le côté minimaliste de la présentation graphique est assez réussi à mes yeux. C'est d'ailleurs ce qui m'a séduit à la base, même si le foutoir général qu'est le jeu sur ce plan flingue un peu la cohérence qui devrait structurer le monde. Parce que ça va bien deux minutes de croiser des mantes religieuses géantes potes avec des rats non moins grotesques ou des ours en couple avec des araignées monstrueuses vivant juste à côté d'une ruche manifestement faite par des humains. Et que dire des constellations de plantes utilitaires disposée de manière complètement anarchique, brisant ainsi le peu d'immersion que le joueur était peut-être parvenu à préserver en sortant du village ?
Au final, suis-je bien à même de juger de la justesse d'exécution de l'intégralité du jeu ici ? Nan. Est-ce que le jeu semble mériter que je le ponce de manière à le devenir ? Non plus. Lent, générique et simpliste sur tant d'aspects mais profitant tout de même d'un habillage charmant les premières heures, Balrum aura achevé de m'étouffer dans son bac-à-sables-mouvants avant même de pouvoir introduire un semblant d'histoire. Si le tarif réclamé reste raisonnable, préférez comme moi une promo si vous n'êtes pas certain de votre coup car c'est un jeu à réserver aux amateurs des pures expériences du genre et clairement, si vous attendez un jeu de rôle profond, passez votre chemin.
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