Temps de jeu:
1016 minutes
Larian Studio, depuis le temps, a su se forger une certaine réputation du fait de la qualité entourant la production de ses jeux. Dès les premiers opus de sa série désormais historique « Divinity », le genre du RPG a été prédominant jusqu’aux excellents Original Sin. Mais Larian Studio a accouché d’un OVNI assez particulier qu’est ce Dragon Commander.
Dragon Commander est un mélange assez subtil entre jeu de gestion et jeu de stratégie. Vous incarnez un jeune empereur de Rivellon (nom du territoire commun à l’ensemble des opus produits par Larian), mi-homme mi-dragon. Votre but sera de rétablir l’ordre et la paix puisque Rivellon est déchiré avec une guerre fratricide vous opposant aux autres descendants du précédent empereur. Soutenu par un mage de renom qui sera votre plus proche conseiller, vous voilà partis à bord de votre vaisseau amiral, le « Corbeau », afin de conquérir progressivement les différents territoires ennemis.
Dragon Commander se décompose en deux phases de jeu principales : je vais commencer par la partie Gestion qui vous occupera à bord du Corbeau. Le jeu se déroule en tour par tour, chacun de ses tours vous octroyant toute une possibilité d’actions (on reviendra sur le plan militaire après) à faire au sein de votre vaisseau. Dans un premier temps, vous aurez le choix d’effectuer différentes interactions avec les occupants vous accompagnant dans votre périple.
Les premiers d’entre eux seront vos généraux : ces derniers ont chacun une personnalité très forgée agrémentée d’une histoire propre sur laquelle vous pourrez (légèrement) influer en fonction des directives que vous leur donner. L’un d’entre eux se refuse de se prêter aux coutumes diablotines lors d’une visite officielle ? Vous pourrez soit lui faire une faveur impériale, soit le renvoyer dans les roses en lui imposant de respecter les codes de la diplomatie, sachant que ce dernier aura une humeur changeante en fonction des choix que vous effectuerez.
A ce titre, l’ensemble des dialogues de Dragon Commander respecte la qualité à laquelle nous avait habitué Larian Studio. Non, pas de Google Traduction ou de lignes de dialogues dignes d’un Fallout 4. Ici, le style littéraire, qu’il soit grivois ou pompeux en fonction de la personnalité de vos interlocuteurs, est entièrement assumé et colle parfaitement avec l’immersion dans laquelle vous vous plongez dans la peau d’empereur. En outre, cela permet à titre secondaire de rendre hommage à notre belle langue française, certains dialogues pouvant à eux seuls vous octroyer de grands sourires devant votre écran tellement ils peuvent s’avérer savoureux.
En sus de vos généraux, vous aurez sur le Corbeau un conseiller représentant chacun l’une des races peuplant le territoire de Rivellon. Entre le mort vivant qui défendra pieusement la religion, la lézarde pragmatique, l’elfe amoureux de la nature, le nain bon vivant et le diablotin fou de mécanique, chaque action que vous effectuerez aura un impact sur le pourcentage d’adhésion de la faction à votre cause. Si cette dernière pourra influer en fonction du territoire sur laquelle vos combats se déroulent, l’impact n’est cependant pas à mon sens suffisamment significatif pour personnaliser à chaque fois vos différentes parties.
Néanmoins, les actions politiques restent amusantes et suffisamment réalistes pour ne pas s’ennuyer. Entre le mariage gay ou le vote des femmes, Larian Studio s’amuse à vous apporter dans la balance des pratiques sociétales parfois d’actualité et sur lesquelles, en qualité d’empereur, vous avez un total champ d’actions.
En outre, l’ensemble de ces interactions constituent l’une des grandes réussites de ce Dragon Commander, et ce surtout si vous êtes fans du lore de Larian Studio. En outre, vous aurez également (assez tôt dans le jeu) à prendre une épouse, union diplomatique obligeant. Là encore, ces dernières sont hautes en couleur et stéréotypées en fonction de leur race d’appartenance : succomberez-vous au charme de Lohannah l’elfique, ou tomberez vous sous le charme … obusier de la princesse naine ? Libre à vous, d’autant que chacune de ces compagnes a sa story-line et ses interactions propres à elles.
En sus de la gestion diplomatique et politique, Dragon Commander est également un jeu de stratégie militaire. A chacun de vos tours, vous devrez dépensez savamment vos points de recherche afin de débloquer progressivement des unités et des capacités de plus en plus puissantes. En outre, il vous appartiendra de positionner sur une map monde vos différentes unités façon « Risk » pour décider de rentrer, ou non, en conflit et de prendre le territoire concerné sous votre contrôle. Avant chaque bataille, le jeu déterminera un taux de victoire prévisionnel vous permettant soit de déléguer le combat à votre armée ou à l’un de vos généraux, soit de directement intervenir sur le champ de bataille en question (sachant que vous ne pourrez intervenir personnellement qu’à une bataille par tour). Cet aspect n’est à ne pas négliger puisqu’une victoire pouvant sembler théoriquement impossible est susceptible d’être remportée grâce à votre stratégie.
En effet, chevalier dragon obligeant, vous avez la faculté de vous transformer en cracheur de feu pour transformer le cours d’une bataille. Avec trois choix d’archétypes possibles en début de partie (équilibré / agressif / défensif), cette invocation sera possible moyennant une dépense en or à chaque fois que vous souhaiterez apparaître. Vous serez alors en vue TPS façon Panzer Dragoon afin de jouer savamment avec vos différentes capacités en fonction des situations. De plus, le simple fait pour vous de prendre le contrôle de vos unités vous permettra de choisir de sécuriser le plus vite possible les points de ressources présents sur la carte et, tout simplement, d’activer intelligemment les capacités de vos unités et de construire ces dernières en fonction des unités ennemies à affronter. L’IA est décevante, et n’égale clairement pas ce qu’on pourrait attendre d’un Starcraft et consorts. En effet, il est assez aisé de la berner sur le terrain pour en profiter afin de se positionner intelligemment. Néanmoins, elle se révèle par moment agressive, et parfois la vaincre ne sera pas une mince affaire.
Techniquement, si la direction artistique ainsi que les environnements du Corbeau sont bien modélisés, l’aspect STR reste beaucoup plus médiocre. En outre, les contrôles combinant à la fois contrôle du dragon et gestion de vos unités s’avère délicat à cumuler : il sera souvent plus intéressant de donner vos ordres juste avant de vous transformer afin que vos unités ne deviennent pas inutiles le temps d’une bataille.
Dragon Commander a un défaut non négligeable : la durée de vie d’une partie (hors escarmouche personnalisée) s’avère relativement courte, surtout si vous êtes amateurs de rushs sur les capitales ennemies. De façon générale, je trouve que cet opus a de très bonnes idées, mais la réalisation reste inachevée pour permettre à Dragon Commander de déployer son plein potentiel. Pourquoi le nombre d’unités / capacités reste si négligeable, alors que la stratégie se taille la part du Lion ? Pourquoi est ce que des évènements supplémentaires, ayant une grande incidence sur la partie en cours (par exemple à l’instar d’un Civilization vous forçant à adopter une ligne politique à suivre du début à la fin de la partie), n’est pas déployée alors qu’elle correspondrait parfaitement à cet opus ?
Dragon Commander, c’est un galop d’essai réalisé par un étudiant surdoué, mais qui s’en serait tenu au strict minimum pour atteindre une moyenne lui permettant de passer à l’année supérieure. Je trouve ça extrêmement dommage, surtout au prix proposé de 40 euros qui, à mon sens, ne justifie pas forcément l’achat. Néanmoins, force est de constater le grand potentiel divertissant de Dragon Commander : si vous êtes amateurs de genres hybrides, je vous le recommande, mais il est nécessaire d'avoir connaissance préalable de ses défauts.
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