Temps de jeu:
1632 minutes
Parlons un peu bouffe, si vous le voulez bien.
Je n'ai jamais pu terminer BIT.TRIP Runner. Pas par manque de temps, non. Simplement, ma tolérance au pixel pour le pixel est à peu près équivalente à celle de 75% des adultes de cette planète face au lactose. Les pauvres. Je me demande si c'est aussi dommage pour moi que pour eux.
Runner2, d'un autre côté... Même si le jeu se défend d'être une suite directe au premier opus (c'est quand même un peu indigeste comme excuse, le presents suivi d'un 2, non ?), tout y est : le gameplay est grosso modo le même, le principe de base est le même, les bosses s'affrontent en gros de la même manière, tout ce qui le différencie de son frangin, en gros, c'est à peu près ce qui différencie l'huile d'olive extra vierge de l'huile d'arachides.
C'est méchamment plus raffiné, mais ça ne se déguste pas de la même manière. Là où Runner était un croissant spartiate, avec un peu trop de beurre en prime, Runner 2 est un mille-feuilles dont la crème dégouline un peu partout et salope la nappe du dimanche que vous aviez sortie juste pour l'occasion.
C'est plus. Encore plus. Toujours plus. Plus jusqu'à l'écœurement. C'est à la limite de l'Oktoberfest vidéoludique.
Exit le style 8-bit-voire-moins-mais-cest-pas-grave-cest-indé-lol, celui-ci est en FullHD, framerate constant et fluide, et lorsqu'il lorgne vers son prédécesseur, ça tourne limite au foutage de gueule. Pas qu'il se moque, non. Mais ça fait un peu tranche de citron dans son acidité. En fait, ça donne envie de jouer à Runner. Ou plutôt à son remake HD dans le style et avec le moteur de son successeur.
Comme Runner, il reste un peu sur l'estomac. Mais il a l'avantage de sa modernité. À en avoir rajouté tant et plus, il permet d'y revenir, encore et encore, jusqu'au moment où il ne reste plus que l'emballage. Avec évidemment quelques traces de crème et autres qui vous donneront envie d'y remettre un doigt, là, vite fait, avant de jeter le tout (ceci n'était pas un glissement monstrueux, obscène et évident vers une quelconque analogie scabreuse. Quoique).
Les tableaux sont rapides, courts, offrent divers challenges optionnels ; les tableaux bonus sont passés d'une version pure 8-bit à une version pure 16-bit et dieux que ça fait du bien ; le tout est agréable au possible, à condition d'y aller par quartiers. Celui qui essayerait de tout gober d'un coup se taperait une indigestion digne d'un Gargantua affamé depuis plusieurs mois.
Tout cela est bel et bon, mais Runner 2 n'est pas non plus exempt de défauts. Il n'y a qu'à considérer l'activité débordante de l'arrière-plan pour s'en convaincre. Si certains niveaux font dans la discrétion et se laissent admirer malgré l'action, d'autres viennent carrément mettre les pieds dans le plat, se font pique-assiette, appelez ça comme vous voulez, c'est du pareil au mème (je suis sûr que personne l'a encore faite, celle-là. Si si). C'est gênant, en particulier lorsqu'on essaye de terminer les tableaux sans passer par la case checkpoint.
De même, l'idée du niveau bonus à terminer parfaitement pour réussir un tableau à 100% a disparu. Et force est de constater que retirer le sel de la pâte, ça laisse un goût assez spécial. Pas forcément immonde, mais ça ne plaira pas à tout le monde, en particulier à ceux qui ne peuvent se passer dudit condiment car trop habitués à celui-ci.
Malgré tout, Runner 2 réussit aisément à surclasser son standard, et à s'imposer comme un défi digne de ce nom, jamais trop osé, jamais trop facile ; et les niveaux que l'on recommence encore et encore finissent par devenir une seconde nature. Il est dommage que les amateurs de pâtisseries ne goûtent pas davantage ce gâteau-ci (pas même un joueur sur 10 à l'avoir terminé). Ils se privent mine de rien d'un plaisir rare, même si à consommer avec modération.
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