Temps de jeu:
990 minutes
Ces petits jeunes et leurs gadgets modernes. De mon temps on faisait nos preuves de talents d'enquêteur sur le terrain, et pas avec une quelconque simulation virtuelle. Enfin, mon boulot de privé indépendant ne me rapportait plus de quoi payer le loyer, et entre me retrouver à la rue ou me passer de mon bourbon, ça aurait été vite choisi. J'ai donc accepté de passer l'examen de l'agence et me suis retrouvé devant leur programme.
Scene Investigators est un jeu de déduction, c'est certain. On vous projette dans un espace vide de toute présence humaine, dans un décor figé dans le temps. À explorer les lieux, parcourir les différents objets, lire et écouter des messages, il s'agit de faire de la prise de note et arriver à des déductions. [b]Le jeu ne vous dit pas ce qui est important ou pas, c'est entièrement à vous de juger.[/b] Et justement, il est garni d'informations inutiles à la résolution de l'affaire.
Tout cela forme en fait un tout qui se veut cohérent. [b]La scène raconte une histoire, que l'on doit découvrir et comprendre au mieux pour réaliser ce qui se passe.[/b] Imaginez vous qu'on vous conduise sans un mot à un appartement en l'absence de ses locataires, qu'on ferme derrière vous, et que vous devez répondre à un ensemble de question concernant la vie de ses habitants. Voilà en quoi consiste ces scénarios... des cadavres en plus.
Je suis un détective à l'ancienne, aussi j'ai rapidement sorti un bloc-notes pour prendre un maximum de notes et relier les informations entre elles. Mais c'est là que le bloc-notes virtuel entre en action. La prise de notes sur papier semble plus naturelle, plus aisée à manipuler. Cependant, vu la quantité importante de notes qui peuvent être nécessaires, le bloc-notes virtuel inclue dans le jeu constitue rapidement la prise de notes principale durant l'aventure. [b]Et il faut aimer en prendre, des notes, un maximum. Chaque petit détail qui semble insignifiant peut se révéler être capital pour résoudre l'enquête, être le petit plus qui guide la décision finale.[/b]
Répondre aux questions fournit un résultat à la Mastermind : [b]le jeu donne le nombre de bonnes réponses trouvées, sans préciser lesquelles[/b]. Pour obtenir la meilleure note possible, il faut donc retourner sur le scénario et réfléchir à ce qui a pu être mal interprété. Heureusement, tout ce qu'on a noté reste en place. [b]Mais on peut être tenté à la longue de spammer le jeu de réponses différentes jusqu'à tomber sur la bonne.[/b]
Avais-je trop forcé sur la boisson en cherchant à me triturer les méninges sur ce qui se passait à l'écran ? Les saccades, la vision trouble... Non, c'est tout simplement que [b]ce jeu, qui tourne sous Unity, a été codé avec le cul[/b], comme on disait de mon temps. L'optimisation graphique est inexistante. Malgré mes petits moyens de privé sur le retour, je dispose d'un ordinateur relativement puissant, à faire tourner des jeux récents en Très Haut ou Ultra, avec Raytracing et tout le bazar. Alors pourquoi cette simulation qui consiste en des graphismes assez simplistes, et une absence quasi-totale de mouvement, sur une scène 3D relativement petite, subissait de tels ralentissements ? [b]C'était constant, le jeu chauffe, l'action se brouille, mon GPU est utilisé à 100% de ses capacités et mes ventilateurs tournent à plein régime, tout ça pour quoi ? Rien que des graphismes très basiques dignes d'un jeu amateur d'apprenti-développeur[/b].
Et cela, sans compter le traitement indigent du contenu. [b]Mention spéciale aux miroirs qui non seulement ne réflètent pas le personnage (qui est définitivement un fantôme), mais peuvent ne pas refléter de gros éléments de la scène[/b]. Un exemple tout à fait stupide fut ce grand miroir dans une chambre où je ne pouvais pas y voir le lit géant derrière moi, mais le tapis juste devant le lit apparaissait, lui. Et pourtant on en a, des effets de reflets, dans chaque cartouche de balle que l'on examine de près. [b]Graphiquement parlant, ce jeu est une immense blague, et on est juste pressé d'en finir pour ne plus sentir ce malaise à l'explorer[/b]
[b]Concernant les bugs, c'est guère mieux.[/b] J'ai ainsi traversé le sol et projeté dans le vide éternel parce que j'ai tenté de me relever après avoir rampé sous un meuble. Plus d'une fois mes transitions entre scène, bloc note, examen d'un objet et ouverture de la page des questions a bloqué ma progression. Etait-ce un moyen de tester mon flegme de détective face à des situations pénibles ? En tout cas cela m'a frustré à plus d'un titre, mais il me fallait décrocher ce job, alors j'ai continué.
Une erreur de ma part est que, bien que relativement bilingue avec l'anglais, j'ai choisi de jouer en français. Et il se trouve que [b]la traduction française transpirait l'amateurisme[/b], avec des expressions mal traduites, des bouts de texte parfois copiés/collés dans le même document, ce qui conduisait à des répétitions. Et bien sûr [b]le pompon fut que je ne pouvais pas répondre correctement à une question d'un scénario parce que le traducteur s'était tout simplement trompé de question[/b]. Passer le jeu en anglais m'a permis de combler ce problème. Pour un jeu où la moindre information est capitale pour réussir, c'est impardonnable.
Et cela, [b]c'est sans compter l'interface qui a également de grosses lourdeurs[/b]. Navigation entre les menus difficiles, le mode photo où l'on explique rien et on perd des photos avant de réaliser l'intérêt du bouton "épingler". La zone de texte du bloc note virtuel qui ne bouge pas le scroll une fois arrivé à la fin, ce qui fait qu'on continue d'écrire dans le vide jusqu'à ce qu'on bouge le scroll... Non vraiment, cette UI est un vrai boulet. Le bouquet final : des crédits de fin impossible à passer ou accélérer, obligé de les subir jusqu'au bout.
Mais qu'en est-il du coeur des simulations, du concept, de la déduction ? Et bien sûr ce point, c'est plutôt réussi. Le jeu ne m'a pas embarqué dans des situations totalement abracadabrantes, mais parfois très simples, des meurtres assez basiques, mais dont [b]un des plaisirs que j'ai eu n'était pas de répondre aux questions, mais de visualiser le déroulement des événements.[/b] Si le jeu me demande "qui est le tueur, qui est la victime", soit, je peux donner la réponse. Mais n'est-il pas aussi intéressant de comprendre de quoi est morte la victime ? comment le tueur s'y est pris ? Dans certaines scènes, de parcourir les lieux lentement, avec tous les éléments en tête, pour imaginer la situation se reproduire devant nos yeux pour en venir à la conclusion qui nous manquait ? En suivant ces traces de sang par terre, je sais quand la victime a été blessée, et où elle s'est rendu. Tiens, il semblerait qu'un couteau manque sur ce meuble... La victime l'aurait-elle pris pour se défendre ?
Pour avoir fini le jeu à 100%, n'écoutez pas les avis qui prétendent "c'est impossible de déterminer la réponse à ceci ou cela, c'est du hasard". Ce n'est pas vrai. Mais si on vous demande "qui a tué X ?" et qu'aucun indice ne désigne clairement l'assassin, peut-être devriez-vous davantage vous renseigner sur les relations de X avec les autres personnages. Qui était fâché ? qui avait un mobile ? Qui avait les moyens d'agir ? Une part d'intuition est aussi nécessaire pour réussir, [b]c'est totalement à l'inverse des jeux qui souligne quand vous progressez ou qui affichent une flèche menant à l'objectif. Vous êtes seuls, sans aide, avec seulement vos notes et votre réflexion.[/b]
Mon avis final. [b]Je recommande, mais... uniquement parce qu'il y a trop peu de jeux ainsi[/b]. Les histoires, et la façon de mener des déductions pour résoudre l'enquête, sont acceptables, et c'est ce qu'on attend de cela. Même si tout le reste tire très largement le jeu vers le bas. [b]Obra Dinn, sans la maitrise technique.[/b]
Mais une fois fini... Pas question d'y retourner. Je prends mon diplôme, et je lève le camp. Rendez-vous sur le terrain, le vrai !
👍 : 36 |
😃 : 3