Avis sur Collapse: A Political Simulator

[b]Un jeu à l'interface sommaire mais avec une certaine finesse...[/b] Un jeu KremlinGames qui explore un pays imaginaire post-soviétique : vous y incarnez un parti politique entre 1992 et 2004 dans une démocratie balbutiante. L'URSS s'est effondré, vous êtes désormais indépendant, le pays est à la croisée des chemins : quel avenir pour votre frêle pays ? Se tourner vers l'UE, les Etats-Unis ou rester dans l'orbite russe ? Bâtir une démocratie à la suédoise, une dictature à la papa, un paradis néolibéral ? A vous de voir, il y a sept partis, chacun avec leurs ailes internes, de quoi varier les plaisirs... Je commencerais par les défauts et ils sont nombreux : - L'interface. Je sais que pour 6€, il ne fallait pas espérer la Lune et que KremlinGames n'est pas réputé pour son interface lumineuse et intuitive ; mais pourtant, quel dommage, car ça entrave sincèrement les qualités du jeu au demeurant nombreuses ! Il y a des mises à jour régulières, je demeure donc optimiste. - L'absence de didacticiel et de façon générale certaines mécaniques demeurent obscures : celle des élections et de comment faire campagne (j'ai pu remporter les élections avec 40% des sièges tandis que dans l'autre, je n'ai jamais su dépasser 3%) - Le niveau d'anglais est parfois aléatoire... Pourtant, le jeu a des qualités : - Une période mal connue de nous Occidentaux et pourtant fort riche, entre réveil des nationalismes séparatistes et oscillations politiques. - Le système de gouvernement est vraiment fin et retranscrit bien les coalitions hétéroclites que connurent ces pays, j'ai beaucoup apprécié la façon dont les sièges sont partagés au gouvernement (en fonction de votre score dans les urnes, vous obtenez une certaine base de points qui vous permet "d'acheter" des portefeuilles ministériels, le prix variant selon le caractère stratégique dudit ministère) - Le jeu d'influence au sein des partis, entre plusieurs ailes (généralement l'orthodoxe et la réformatrice) est une bonne idée également, permet d'affiner notre style de jeu. Ajoutons à cela la possibilité de créer une aile combattante si on veut battre le pavé et celle fort sympathique de corrompre, menacer, faire chanter ce qui nous résiste, sans parler des magouilles constitutionnelles. - De manière plus global, le système de factions (église, mafia, syndicat, état-majors, etc), tous ces corps intermédiaires qui influent sur la politique du pays est vraiment intéressant. - L'interface législative et gouvernementale est vraiment fournie, on vote des lois ou des groupes de lois, on attribue les budgets, on peut légiférer sur un nombre important de choses (le mode de scrutin, la légalité du cannabis ou qui est le propriétaire des autoroutes, entre autres), c'est une réelle qualité pour coller au mieux aux nuances entre partis. Bref, malgré son côté foutraque et son interface pour le moins "soviétique" (et j'insiste vraiment, c'est vraiment frustrant et agaçant), ce jeu a une réelle finesse et son aspect politique et électoral est très abouti.