Temps de jeu:
593 minutes
Aîe aîe aîe. J'avais écrit une évaluation en demi-teinte pour The Curse of Monkey Island car je trouvais que le jeu n'arrivait pas entièrement à la hauteur de son héritage. Mais mazette, à l'époque je n'avais pas encore joué à Escape from Monkey Island. Je ne savais pas.
Le jeu est initialement sorti en 2000 (déjà !) sur PC, Mac et PS2. Je précise car le premier souci est en partie là. Le jeu début in media res (ce qui est bien) et l'innocent l'ayant lancé sans se renseigner auparavant (comme moi) va vite se retrouver persuadé que le jeu ne fonctionne pas. Pas de contrôle ) la souris (le jeu est pensé pour le pad) et une configuration de touche hasardeuse. Un menu qui apparait uniquement sur F1 et pas échap. Les touches directionnelles comme seule possibilité de se déplacer. Déjà, ça refroidit.
Qu'à cela ne tienne ! J'ai une manette de Xbox 360 branchée en permanence sur mon PC ! Elle n'est évidemment pas reconnue. L'option de configurer une manette est même grisée dans le menu, impossible à sélectionner. Ce sera donc le clavier. Mais avec des contrôles horribles et des choix de touches (R, U, I, P et O pour sortir de l'écran. Oui, la touche pour quitter les lieux est en plein milieu de touches d'action) hasardeux. Le déplacement est laborieux. Combien de fois ai-je tourné en rond ou raté un passage un peu étroit ? Aucune idée, si ce n'est beaucoup trop.
Les graphismes sont en 3D pas très jolie. Contrairement aux épisodes précédemment, ça a très mal vieilli. Et les décors en caméra fixe, style Resident Evil, ont la bonne idée de receler de nombreux angles morts ou objets qui peuvent cacher Guybrush. Un Guybrush difficile à déplacer, donc. J'ai failli me perdre en plein milieu du jardin de la résidence Marley à cause de ça.
Techniquement, un remaster ne ferait pas de mal au jeu, car il plante souvent lors de transitions de zones pour des raisons étranges. Je suis même persuadé d'avoir été téléporté dans une zone normalement inaccessible dans le chapitre 3.
Les personnages sont constitués principalement d'un best of des 3 opus précédents avec peu de nouvelles têtes. C'est un souci récurrent du jeu qui passe son temps à référencer ses ancêtres, comme si la filiation devait être appuyée. Les dialogues, les objets, les personnages, tout sonne comme un appel à la fibre nostalgique du joueur. Et c'est un peu triste de voir ça. Guybrush et Elaine méritaient mieux.
Les énigmes sont parfois peu convaincantes. Certaines sont bien réussies mais certains gimmicks reviennent plusieurs fois au sein du jeu (comme faire sortir quelqu'un de sa pièce attitrée pour tripatouiller des choses en son absence) et cela est un peu facile.
Assez tôt, un mini-jeu à base d'insulte s'est montré encourageant : pas de farm à faire pour récupérer des insultes, Guybrush connait déjà tout. Il faut juste trouver la meilleur réponse en se basant sur le sens de ce que l'adversaire envoie. Pas mal ! C'est sans compter sur le "Monkey Combat", la tentative de réinventer le duel d'insulte du jeu. Ici, on a une combinaison de touches à rentrer, liées à un choix d'attaque qui peut être efficace ou non (imaginez les types de pokémon, en beaucoup plus simple). Et ce passage est long ! Et chiant à mourir. Et il faut gagner 4 duels d'affilée pour arriver au duel final ! Et tout réussir à 100% dans un combat ne garantit pas la victoire. J'ai passé plus d'une heure là-dessus, à faire mon tableau pour noter les combinaisons possibles. Et à aucun moment de cette séance de grind digne de l'ère la plus sombre des MMO je ne me suis amusé.
Historiquement, ce Monkey Island fut le dernier jeu d'aventure de LucasArts. Et on peut comprendre pourquoi. Tout ici repose sur le prestige de la licence. Du gameplay à l'écriture en passant par les graphismes, tout montre que la vénérable société n'avait pas su évoluer avec son temps. En voulant prendre le train des consoles en marche, le jeu devient une plaie sur PC, où son public potentiel est sûrement le plus important. Et en se concentrant sur des références faciles qui viennent très régulièrement, le jeu n'arrive pas à avoir d'identité propre.
Quel dommage.
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