Temps de jeu:
384 minutes
Attrapez un crayon, un bloc-notes et un groupe d'enfants ramassés ici ou là dans la rue. Faites-les travailler du réveil au midi et laissez-les décider de la meilleure façon de gaspiller leurs fins de journées. Observez. Classez-les et rangez-les dans des catégories très étroites. A votre gauche s'activent trois-quatre favorisés de la nature qui ont su s'obséder, se passionner pour une activité dans laquelle creuser jusqu'à en extraire toutes les saveurs. Bientôt, ils seront des maîtres en leurs domaines. A votre droite, les trois quarts qui restent, les bras ballants et le cuir dépeigné, pleurnichent pour s'inscrire dans un nouveau club ou essayer un nouveau sport, pourquoi pas un nouvel instrument, sans jamais rien approfondir des milles trésors qu'ils n'auront été bons qu'à salir de leurs vilains doigts. Au milieu de ces gâchis, un enfant, pas forcément plus doué que les autres, peut-être même encore plus maladroit à vrai dire, réussit pourtant à toujours sortir quelque victoire de ces mille activités abandonnées trop vite. Le voilà, votre champion. Le génie n'a rien à voir avec l'abnégation ou le plaisir. Le génie, c'est de suivre le chemin tracé par les ratés mais de réussir quand même. Shadows of the Empire est, en ce sens, un jeu génial.
Comme Haven: Call of the King, il a les yeux plus gros que le ventre. Les yeux si gros et le ventre si petit qu'il donne parfois le mal de mer, en fait. [i]"Touche à tout"[/i], diront les uns. [i]"Capable de rien"[/i], répondront les autres. Comme tant de jeux qui ont essayé trop de gameplays sans en maîtriser un seul, Shadows of the Empire tangue entre le correct et le si bancal qu'il tombe et manque de se briser. Mais il tient le choc. On prend plaisir à progresser, on s'amuse. A chaque niveau son idée de gameplay ou de level design. Le dépaysement est constant, d'autant plus agréable que l'aventure est rythmée. Malheureusement, mis à part les passages en rail shooter ou les batailles spatiales - de franches réussites -, on s'agace sur des combats à pieds trop punitifs, même en difficulté facile. On triomphe de mille périls puis on meurt pour un rien. On lutte contre la caméra, on se fait surprendre par un soudain glissement de terrain, on tombe parce qu'on a la vue bandée par les énormes épaulettes de notre héros, on recommence, on manque de mourir encore mais voilà qu'on est sauvés par la visée automatique et un checkpoint bien placé. Puis on meurt quand même, alors on peste contre un game over injuste. On y revient et, sans trop savoir comment, on sort vainqueur de ce joyeux foutoir. Voilà un jeu trop ambitieux pour son propre bien. Toutes les séquences ne se valent pas et, bien qu'il soit pétri et d'ambitions et assez lourdement armé pour les réaliser, Shadows of the Empire est un jeu qui manque d'un sérieux coup de verni. C'est là sa faiblesse mais c'est aussi de là que vient sa force, sa raison d'être, de le continuer jusqu'à en voir le bout : être un jeu d'action/aventure si varié et rythmé. Au final, seuls une course de speeders très mal fichue et quelques pics de difficulté réussiront vraiment à saboter le bel arrière-goût laissé par Shadows of the Empire. Tout le reste n'était qu'une chouette promenade.
Entre deux de ces éternelles boucles musicales que les développeurs ne se lassent jamais de repomper d'un jeu Star Wars à l'autre, Shadows of the Empire nous offre quelques mélodies inédites - et jolies ! Quel régal pour les oreilles. Une rareté qui met en valeur un bel affrontement final.
👍 : 4 |
😃 : 2