Temps de jeu:
326 minutes
[h1]Platini pisse sur la pelouse...[/h1]
Behold the Kickmen reprend le gros de [i]Sensible Soccer[/i], mais en changeant de focale : là où 99% des jeux de sport ne s'intéressent qu'à la pratique sportive proprement dite (qu'elle soit pragmatique ou managériale), lui porte son attention première sur [b]les fans[/b]. Car si son unique développeur a bien raison sur un point, c'est que le football en tant que sport, que fait social total, ne serait pas ce qu'il est sans eux. On a donc la charge d'amener une équipe de nullos, que l'on nommera à loisir, jusqu'au sommet...et pour ça, il nous faut de l'argent. Beaucoup d'argent.
Et ici, on rentre de l'argent en faisant plaisir aux fans sur le terrain. Le jeu reprend les très grosses bases du football, mais en supprimant la majorité de ce qui en ralentit le rythme : ainsi, plus de touches ou de corner, les seuls arrêts de jeu sont en cas de faute (un tacle sur un joueur qui n'a pas le ballon, et c'est tout), et en cas de but. La règle du hors-jeu est interprétée de manière pour le moins libérale : régulièrement, une zone du terrain sera striée en rouge, et un compte à rebours se déclenche...à la fin de ce décompte, le joueur qui possède le ballon est immédiatement exclu !
Où est-ce que les fans interviennent ? Via une icône "F" en bas à gauche, vous pourrez mesurer l'argent qu'ils vous rapportent tout le long du match. Plus vous gardez la possession du ballon, plus vous accomplissez de gestes techniques divers (tacles parfaits, passes, tirs à effet, etc), plus une somme chiffrée en $ monte. Il suffit alors de marquer un but pour empocher la dite somme dans votre porte-feuille. Si une faute est commise, ou si un but adverse est marqué, cette somme retombe à 0. C'est un principe assez génial car on va avoir besoin de beaucoup, beaucoup d'argent pour augmenter les statistiques de l'équipe, et ça oblige à jouer très différemment, comparé à un jeu de sport classique. Car au lieu de foncer tout droit au but, il vaut mieux prolonger la phase de possession de balle pour enflammer le public, jusqu'à refuser de marquer un but car celui-ci ne serait pas rentable ! C'est une si bonne idée que j'en viens à me demander pourquoi personne n'y avait jamais pensé avant...
...et c'est tout ce que j'avais à dire de positif sur BtK.
La raison est assez simple : ce jeu pue la haine, l'aigreur et le dépit. Le développeur annonce la couleur dès le départ (au moins, il a le mérite d'être honnête), il n'aime pas le football, n'a fait aucune recherche et n'a pas l'intention d'en faire. Ce qui peut être intéressant, si on y réfléchit, car avoir d'autres perspectives sur une activité élargit le champ des possibles. Après tout, de nombreux créateurs ne pratiquent même pas ce qu'ils créent, comme Fender et ses guitares, ou même Ralph Baer et...ses jeux-vidéo !
Mais là, c'est l'étape au-dessus - ou plutôt, l'étape en-dessous. Le jeu se complaît dans un mépris du sport et de tous ceux qui ont le malheur de l'aimer, les prenant pour des crétins sans cervelle et passe son temps à leur cracher dessus avec un humour qu'il s'imagine sûrement très drôle, mais qui est digne d'un commentaire sur une vidéo YouTube. C'est rigolo 20 secondes, tout au plus. BtK est un jeu d'anti-sportif, d'"anti-jock", ce qui s'avère aussi débile que les excès qu'il prétend critiquer.
Je conçois qu'on ne puisse pas tout savoir, mais l'ignorance crasse est un mal que je ne tolérerai jamais, et le jeu se baigne dedans en s'imaginant nager dans le grand bain alors que tout ce qu'il fait, c'est patauger dans la fange.
De plus, son idée de système pourtant prometteuse tombe à l'eau à cause d'une IA trop mauvaise. Soit elle est nulle et laisse passer tout et n'importe quoi ; soit elle est menée par plus de 3 buts, auquel cas elle va rattraper son retard en faisant un jeu de passe trop rapide pour que la caméra puisse le suivre (et trop rapide pour que le joueur puisse reproduire ça !) et planter un but, que l'on attendra en posant la manette jusqu'au prochain coup d'envoi, en soupirant. Les goals sont nuls, ce qui semble être une autre critique minable d'ailleurs...
L'histoire elle-même est nulle de bout en bout, en essayant une ambiance [i]over the top[/i] en ne sachant pas écrire, ni mettre en scène. C'est ce qui arrive quand on s'essaie à l'humour sans en maîtriser les codes narratifs.
BtK est un gâchis. Le temps qu'il passe à cracher sur un sport sans même essayer de le comprendre, il aurait pu le consacrer à travailler son système de jeu et ses idées pourtant très bonnes, ce qui aurait pu faire date dans le genre et peut-être le faire pencher dans une autre direction. [i]La seule critique définitive est la création[/i], disait Maurice Lemaître, et le développeur ne l'a pas compris. En l'état, le jeu est comme un match d'anthologie annoncé, mais arrêté à la 25e minute à cause de baston générale sur la pelouse rythmée par des chants nazis dans les gradins.
Je ne peux pas "recommander", mais il y a tout de même quelque chose à sauver, peut-être par un studio qui saura se sortir la tête du fondement.
👍 : 1 |
😃 : 0