Temps de jeu:
1103 minutes
Un point&click de 2004 qui correspond aux standards de l'époque, si ce n'est qu'il traite de thèmes de société plus actuels que jamais au point d'être pratiquement visionnaire sur certains aspects, ce qui en fait un titre à absolument (re)découvrir.
A New-York en 2044, la société est mondialisée et dirigée par un gouvernement unique. Peter Wright se retrouve seul dans son appartement dans lequel il peine à faire le deuil de sa femme et son fils qui sont récemment morts dans le crash d'un avion. Un soir, il est témoin de l'arrestation musclée de son voisin sous les yeux atterrés de sa famille. Il va mettre de côté son travail dans une agence de publicité pour mener l'enquête sur cette affaire. Ce fait divers va s'avérer être très révélateur du fonctionnement réel de la société.
The Moment of Silence aborde les questions du respect de la vie privée, de la protection des données personnelles, de la façon dont on peut nuire aux libertés individuelles sous prétexte d'assurer la sécurité, de l'accès à l'information indépendante, de l'emprise de la technologie sur la vie quotidienne, de la propagande des gouvernements et de la stigmatisation de leurs opposants, du cynisme du marketing qui contrôle la population en lui donnant l'illusion du choix ou l'impression d'être priviégiée. On parle du SETI, d'Echelon 2 et de la NSA comme des moyens pour le gouvernement d'espionner les citoyens.
A vrai dire, le scénario en lui-même n'est pas absolument extraordinaire et les énigmes ne sont pas particulièrement difficiles mais les dialogues sont très nombreux et très riches et l'essentiel du jeu repose sur les conversations qu'on a avec les PNJ et les documents qu'on lit.
Techniquement, on a le traditionnel clic gauche pour se déplacer, le clic droit pour examiner et gérer les objets de l'inventaire. Les actions sont parfaitement intuitives, on combine les objets de manière très facile et leur utilisation est presque toujours parfaitement logique et évidente. Il faut comprendre qu'il est essentiel de toujours bien vérifier d'avoir épuisé toutes les possibilités d'interaction car certaines zones sont très réduites, que réaliser une action quelque part peut provoquer un changement ailleurs et qu'il faut VRAIMENT tout regarder, tout écouter, tout lire car pratiquement tout aura une importance tôt ou tard. Je me suis même aidé avec quelques notes sur un bout de papier pour me faciliter la résolution de certaines énigmes. Le système de dialogue fonctionne selon un système d'arborescence dans lequel les 2 ou 3 questions de départ permettent d'accéder à plein de questions secondaires et il faut penser à sélectionner l'option "j'ai une autre question" ou "j'aimerais parler d'autre chose" pour épuiser toutes les possibilités de dialogue. Certaines questions ne suscitent parfois pas seulement une simple réponse mais entraînent toute une partie de conversation, ce qui est assez bien vu car ça fluidifie l'action et met encore davantage en évidence le contenu des échanges. Le doublage en français est très bon avec Patrick Poivey (Bruce Willis) dans le rôle de Peter mais aussi les voix françaises de Jennifer Garner dans Alias, de Sarah Michelle Gellar, Winona Ryder et Teri Hatcher ou enfin celle de Matt LeBlanc dans Friends.
Il y a deux fins possibles (une bonne, une mauvaise) selon les toutes actions qu'on fait. Si on opte volontairement pour la catastrophe ou si elle survient par mégarde, on a automatiquement la possibilité de rejouer la dernière minute pour connaître l'autre fin (l'inverse n'est pas vrai par contre).
J'ai vraiment beaucoup apprécié ce jeu mais il faut néanmoins relever quelques points qui peuvent déplaire :
a) Il y a finalement peu d'action, peu d'énigmes, peu d'objets et peu de réelle originalité dans le scénario mais les thèmes abordés sont ce que le jeu veut vraiment mettre en avant et ça c'est passionnant même si certains trouveront peut-être tout ça trop bavard ou seront ennuyés par la longueur des dialogues.
b) si on est vraiment attentif à tous les indices, on peut résoudre les énigmes de manière très logique mais y a quand-même l'énigme finale qui est vraiment mais vraiment très pénible à réaliser et pas franchement logique
c) le gros point noir du jeu auquel on finit malgré tout par s'habituer est tout ce qui concerne les déplacements de Peter. Les angles de caméra changent parfois de manière intempestive ou à l'inverse il est souvent compliqué de sortir d'un plan. Il est parfois compliqué de s'orienter dans certains lieux, de découvrir tous les endroits auxquels on peut accéder ou de guider le personnage dans la bonne direction. Il n'y a pas les fameuses flèches dont à l'habitude pour sortir de l'écran donc on doit diriger Peter au bon endroit pour déclancher le changement de plan et ce n'est pas toujours très logique et intuitif (par exemple, aller à gauche pour pouvoir aller à droite ou devoir cliquer à des endroits différents de l'écran à chaque chagement de plan pour continuer à avancer tout droit dans un couloir).
Bref, un jeu méconnu mais que vont adorer ceux qui s'intéressent aux thèmes abordés et qui trouveront plaisant d'avoir autant de conversations à suivre et de voir toutes les réflexions que ces sujets peuvent susciter.
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