Temps de jeu:
956 minutes
[i]Point & click[/i] sorti en 2010 en mettant en avant l'auteur du projet : Jane Jensen, la scénariste de la série des [i]Gabriel Knight[/i]. Mais est-ce pour autant une garantie de qualité?
Alors oui, [i]Gray Matter[/i] est un très bon jeu et plaira probablement à tous les amateurs du genre.
C'est juste qu'il tarde à montrer ses qualités et qu'il prend son temps dans toutes ses mécaniques de gameplay.
Concrètement, le premier chapitre est plutôt médiocre et réellement pénible à jouer : il faut vraiment s'accrocher pour ne pas abandonner pendant ce qui est en fait un désagréable tuto.
D'abord, parce que le scénario s'amorce de manière un peu confuse et qu'on peine à croire à cette jeune motarde au look gothique qui s'égare sur la route de Londres avant de tomber en panne juste devant la résidence d'un célèbre neurobiologiste d'Oxford où elle décroche immédiatement un job. Le scientifique vit reclus chez lui depuis le décès de son épouse lors d'un terrible accident de voiture qui l'a lui-même laissé défiguré et avait simplement besoin d'une assistante pour l'aider dans le cadre d'une expérience qu'il met en place chez lui. Et voilà que dès le lendemain, la gouvernante prépare tout naturellement le breakfast à la nouvelle venue comme si elle faisait partie de la famille et que cette dernière s'engage à recruter des étudiants qui accepteraient d'être cobayes pour la science.
Ensuite, tout semble lourd et lent dans le jeu : les déplacements du personnage, les animations, les transitions, la gestion de l'inventaire, la réalisation de tours de magie.
Enfin, on nous balance d'entrée beaucoup de contenu dont on ne sait pas trop quoi faire. Ca va des pièces exiguës remplies d'objets minuscules sur lesquels on peut cliquer, à un manuel de magie qu'on nous suggère de lire en entier, en passant par des fenêtres de tuto qui apparaissent pendant tout le chapitre.
Bref, c'est difficile d'apprécier [i]Gray Matter[/i] sur la première heure de jeu.
Puis, les différents éléments mis en place et les particularités de gameplay assimilées, le plaisir apparaît au démarrage du deuxième chapitre. L'intrigue se développe, l'ambiance s'installe et on commence à découvrir davantage les nombreux personnages.
On a toujours plusieurs choses à faire avant la fin de chaque chapitre mais on peut librement les faire dans l'ordre qu'on veut. Pour ce faire, on peut compter sur des outils habituellement superflus dans d'autres jeux : un journal de bord très complet qui répertorie tous les dialogues et vidéos, une map qui informe sur les lieux où il reste des choses à faire, des jauges qui indiquent la progression des différentes quêtes et même le révélateur des zones actives. Dans [i]Gray Matter[/i], on ne se prive pas d'y avoir recours, ce qui permet de bien rester concentré sur le scénario et ses péripéties sans trop tourner en rond ou être inutilement bloqué quelque part.
Outre les habituelles petites énigmes à résoudre pour accéder à un nouveau lieu, on va pouvoir s'intéresser aux secrets de l'expérience du Professeur aux limites de la science et du paranormal, mener une enquête sur des événements troublants qui surviennent au sein de l'université, apprendre à connaître les différents personnages, prendre part au jeu de piste d'un club de magie et entreprendre quelques autres quêtes annexes.
L'ambiance est vraiment prenante, servie par des graphismes qui ont un certain charme (particulièrement les cinématiques), les dialogues sont corrects et la bande son (musique et voix) est excellente. On balance entre la réalité et le rêve, les drames de la vie et l'art de la grande illusion, l'imagination et la folie, l'amour et le deuil, l'humour et l'infinie tristesse, la solitude douloureuse et la bande de jeunes étudiants farceurs
On alterne le contrôle de Samantha Everett et du Professeur Styles, ce qui amène une réelle variété, même si le gameplay est identique, tant leurs personnalités respectives s'avèrent intéressantes. Le mec solitaire et mélancolique, irritable mais sensible, détruit par la disparition de sa femme et obsédé par son travail, dont on ne sait pas s'il est fou ou génial. La non moins mystérieuse passionnée de magie de rue qui mène une vie de galère mais qui sait se montrer consciencieuse et astucieuse. Chacun des deux nous permet également d'avoir accès à des facettes différentes de chaque pnj ou à de nouveaux lieux.
Et puis, les tours de prestidigitation de Samantha ne sont finalement pas les gadgets pénibles à utiliser qu'on pouvait d'abord craindre mais bien une habile variante de la traditionnelle combinaison d'objets dans laquelle on est bien assisté. C'est parfaitement justifié tant par le profil du personnage que le contexte de l'histoire et, d'autre part, ça amène un peu d'espièglerie bienvenue.
Malheureusement, le dernier chapitre, qui nous emmène dans un labyrinthe dans lequel on peut facilement se perdre, est à nouveau moins agréable à jouer, surtout si on ne prend pas le soin d'explorer de manière très méthodique.
Mais surtout, le scénario, qui avait su jusque là faire monter la tension jusqu'au paroxysme, nous prive au dernier moment d'une formidable apothéose dans sa conclusion.
Au final, si on parvient à s'accrocher lors de son laborieux premier chapitre et qu'on ne s'attache pas trop à sa conclusion, [i]Gray Matter[/i] est vraiment un jeu très sympathique qui permet de passer un vrai bon moment d'environ une quinzaine d'heures. L'ambiance est immersive, l'histoire est prenante, l'enquête est captivante et les personnages sont intéressants.
A recommander chaudement à tous les amateurs de [i]point & click[/i]
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