Temps de jeu:
231 minutes
La première fois que j'ai vu ce jeu en vente sur steam, ma réaction s'est résumée à un grand haussement de sourcil interrogatif : comment, un jeu de gestion où on loue des appartements à des monstres et où on tabasse des aventuriers ? Cela ne ressemble pourtant pas à ma référence du genre, l'antique (mais génial) Dungeon Keeper !
Ma curiosité piquée au vif, je me suis laissé tenter lors de soldes... pour m'apercevoir que non, il s'agissait de quelque chose de très différent de la bible selon saint Bulfrog. Très différent mais pensé avec brio.
Comme je l'ai précisé, le principe de ce jeu est extrêmement simple : vous incarnez un seigneur du mal (ici un petit gros à lunettes et en robe de chambre) qui s'est retrouvé propriétaire d'un petit bâtiment à un étage et qui arrondit ses fins de mois en louant des appartements tandis que lui-même habite sous une tente sur le toit. Il n'y a pas de scénario, pas de justification plus ou moins burlesque à cette situation. Il n'y a que vous, vos locataires et les nuisibles.
Car nuisibles il y a ! Entre les aventuriers amateurs qui veulent grapiller votre or durement amassé, les villageois voisins qui ne supportent plus le parage de votre repaire de monstres ou les évènements que vous aurez choisi de déclencher pour renflouer vos caisses et attirer de nouveaux genres de créatures, vous aurez amplement de quoi faire.
Les mécaniques de jeu sont donc très simples à prendre en main : chaque jour, vos locataires vous verseront leur loyer que vous utiliserez pour aménager vos appartements en fonction de leurs demandes... ou pas, si ils décident de partir à la cloche de bois parce qu'ils ont perdu leur travail et qu'ils ne peuvent plus payer leurs arriérés (sachant que vous pouvez les mettre de vous-même à la porte à n'importe quel moment, vu qu'il y aura toujours du monde pour répondre aux petites annonces).
Mais est-ce que le côté gestion s'arrête là ? Pas du tout ! Non seulement les nombreuses créatures à débloquer permettront une certaine flexibilité au niveau des combats en temps réel, mais chacune d'entre elles aura des préférences en matière de décoration d'intérieur et de voisinage. Quel intérêt ? Celui de voir leur moral grimper, ce qui influera sur l'ampleur du loyer qu'elles accepteront de vous payer sans s'offusquer ainsi que sur leurs statistiques, leur envie de trouver un travail mieux payé, de trouver l'amour et même d'avoir un rejeton. Un monstre bien dans sa peau est un monstre motivé pour défendre son chez-soi et casser des crânes !
Qu'ajouter, sinon qu'à défaut de scénario, ce jeu s'articule tout de même autour de "chapitres", ou plus précisément d'une progression qui se fait à chaque fois que vous abattez un boss et que vous ajoutez un nouvel étage à votre hôtel.
A présent, passons aux points noirs pointés habituellement.
Le moindre d'entre eux est la rejouabilité qui est pour ainsi dire inexistante, car vous pouvez à tout moment changer complètement de politique de gestion, expulser les créatures que vous souhaitez et attendre que celles que vous attendez signent leur bail sans que cela vous porte réellement préjudice, d'autant plus que vous pouvez sauvegarder à n'importe quel moment.
La direction artistique, tant visuelle que musicale, peut être qualifiée de minimaliste : les animations sont réduites à leur plus faible expression, les musiques sont peu variées quoique entrainantes... mais cela participe à mon sens au charme de ce jeu, qui joue volontairement la carte du côté répétitif du jeu de gestion et qui jongle avec, si bien qu'on ne s'ennuie que rarement (et si tel est le cas, les phases hors-combats peuvent être accélérées).
En conclusion, ce jeu vaut-il la peine d'y investir du temps et de l'argent ?
Absolument, tant que vous gardez en tête qu'il s'agit d'un modeste jeu de gestion indépendant, nécessairement répétitif, pas forcément drôle (hors description des monstres et des "quêtes), mais addictif et sympathique. Une vraie bouffée d'air frais dépaysante.
Le ciel vous tienne en joie.
👍 : 8 |
😃 : 0