Siren's Call: Escape Velocity - Graphiques & Statistiques Steam

Il y a des titres mettant en scène des personnages torturés. Ceux-là sont simples puisqu'on peut les prendre au second degré sans aller chercher au-delà des apparences. Je ne dis pas que c'est de la facilité, mais que les choses sont claires dans le sens où le jugement sur le personnage sera entièrement circonscrit et défini par ses propres actions et leur impact sur l'univers du titre. Prenons Vaas de Far Cry 3, par exemple, ou Doki Doki dans un genre très différent. On en sort ébranlé par la performance des protagonistes, mais pas par la pathologie en elle-même. Et puis, il y a des titres sur la maladie mentale. Là, ce sont des créations qui amènent le spectateur à une remise en question plus subtile, au point que parfois même le joueur passe à côté du message et détestera pour les mauvaises raisons, à l'instar d'Ad infinitum, trop souvent prs pour un jeu d'horreur. C'est le risque d'un exercice à la fois pédagogique et émotionnel, et certains y parviennent mieux que d'autres. Ou de manière plus ou moins subtile, allant du délicat Draugen au spectaculaire Senua où on sent une âme torturée. Considérez cela comme différentes interprétations du même morceau. Malheureusement, dans Siren's call, le développeur nous offre le pire des deux au travers d'un titre dérangeant dès le disclaimer que j'ai pour ma part trouvé honteusement racoleur. Visuellement, le développeur a pioché différents styles qui font en partie penser à une copie servile de VN asiatiques et une partie des décors insistant au contraire très lourdement sur le cell-shading. Pourquoi pas, c'est juste un habillage. En revanche, sur la narration, hé bien c'est l'amalgame. On parle de la maladie mentale en mettant en scène des malades dangereux, et ce dès le début, tant qu'à faire. Amalgame, car il traite de la souffrance en faisant du voyeurisme inutile et en créant un véritable repoussoir. Et c'est là le péché qui est commis : la souffrance est pour l'entourage, mais aussi pour le malade qui perd ses repères, qui perd ses facultés, qui s'isole socialement tant par choix que par protection ou que par rejet d'une société qui refuse la différence par peur. Et ça, le titre passe complètement à côté. Volontairement ou pas, ça reste à voir. Après, on peut bien ajouter des mécanismes de pseudo flashbacks et autres effets de style comme les points de lucidité, le mal est fait, et ça n'ajoute globalement que de la matière narrative qui n'enlève rien à un fond vicié. Clairement, un titre aussi roublard que clinquant, et intellectuellement pas très honnête, ce qui en dit long sur le développement et le développeur.