Temps de jeu:
1101 minutes
Une agent du FBI poursuit un tueur en série qui vient de s'évader à deux pas de la ville de Bataille. Celui-ci, beau et ténébreux, fait de son mieux pour s'échapper mais continue à proclamer son innocence... So far, so thriller du samedi soir, mais c'était sans compter sur les tours gigantesques sorties du sol coupant la ville du reste du monde, les rumeurs de vampires et les cultes sataniques apparus du jour au lendemain. Crimson Spires ne se cantonne pas à un seul genre, mêlant enquête policière, créatures surnaturelles et interrogations existentielles. On n'est pas vraiment dans l'urban fantasy non plus ; toute l'intrigue se déroule dans une ville paumée du Midwest des États-Unis, avec le contexte culturel et économique qui lui est propre. Et bien sûr, il y a l'aspect romantique puisqu'on reste dans un otome game, avec Erika susceptible de tomber sous le charme de multiples prétendant(e)s au cours de l'histoire.
L'esthétique générale interpelle dès le début du jeu : l'image granuleuse comme une vieille bobine de film, les décors modélisés en 3D un peu brut de décoffrage et aux couleurs délavées, les sources lumineuses rouge néon qui ont l'air de saturer l'écran... Tout est fait pour renforcer cette impression de décalage avec le monde réel. Parfois la narration classique de visual novel laisse place à des scènes d'exploration à la première personne. Celles-ci sont courtes et n'amènent rien en terme de gameplay, mais le changement de perspective contribue à nous déstabiliser un peu plus.
Autre point inhabituel pour un jeu de ce genre, au scénario riche en rebondissements : l'intrigue est remplie de zones d'ombres et de mystères à résoudre... qui ne le seront jamais, résolus ! Pas de longues explications tirées par les cheveux ici : malgré un univers rempli d'événements inexpliqués aux conséquences majeures, l'histoire se concentre sur les réactions des personnages et leurs décisions dans ce cadre particulier, plutôt que sur les secrets que cache l'univers. Si vous avez fait la série précédente du studio, Echoes of the Fey, vous reconnaîtrez bien deux ou trois détails surprenants, mais rien qui vienne apporter une réponse définitive. All plot, no lore, si l'on veut. On peut être déçu d'être laissé avec autant d'interrogations, voire même prendre ça comme un troll de la part des créateur.ices du jeu ; pour ma part, j'ai trouvé que ça fonctionnait très bien pour conférer une aura énigmatique qui a su capter ma curiosité jusqu'au bout de l'histoire, sans rester sur ma faim. Et puis ça permet d'éviter l'écueil des monologues remplis de blabla scientifique qui ont tendance à casser le rythme. Même la route finale, qui se débloque après avoir terminé toutes les autres, reste dédiée au développement émotionnel des personnages ; elle exploite intelligemment toutes les informations découvertes au préalable pour offrir une conclusion ouverte mais satisfaisante.
Si vous aimez les histoires de monstres, les intrigues à la Stephen King et que vous n'avez pas peur de vous creuser le cerveau en mode "mais qu'est-ce que ça veut dire ???", je recommande fortement Crimson Spires ; et tant qu'à faire allez aussi voir du côté de Echoes of the Fey, qui offre du film noir malin dans un monde fantasy plutôt bien pensé.
👍 : 1 |
😃 : 0