Temps de jeu:
856 minutes
[b]Phoenix Wright[/b] pour la mise en scène des dialogues, les séquences d'ouverture et de fermeture de chaque enquête, les musiques, la division du scénario en quatre épisodes, l'alternance entre [i]visual novel[/i], les indices à montrer aux suspects pour leur prouver leurs mensonges, enfin la recherche d'éléments dans le décor. En bref, presque tout, mais sans les audiences au tribunal. [b]Picross[/b] pour le reste. Le mélange était à tenter, et fonctionne même très bien avec ce [b]Murder by numbers[/b]. Il manque juste quelques scènes d'objets cachés pour compléter la fusion du meilleur des [i]jeux occasionnels[/i].
Vous qui avez changé votre sonnerie de téléphone pour celle du [i]samurai d'acier[/i], vous qui avez fermé les yeux sur les dérapages des [b]Danganronpa[/b] - surtout ses fins - pour vous concentrer sur leurs meilleurs morceaux, vous qui vous jetez sur tout ce qui ressemble de près ou de loin à [b]Gyakuten Saiban[/b], vous qui avez aimé [b]Aviary Attorney[/b] plus que vous ne l'auriez dû, vous qui avalez des [b]Artifex Mundi[/b] et des [b]Picross[/b] par paquets de cent, vous qui avez résolu plus de [i]sudoku[/i] qu'appris de leçons sur les bancs de la fac, et qui êtes certainement très excité à l'idée de voir un jeu de la trempe de [b]Murder by Numbers[/b] débarquer sur Steam, gardez votre bonheur dans votre pantalon. Ne vous précipitez pas courir votre joie dans la rue en chantant le retour du divin enfant. N'allez pas croire que Jésus est revenu, ou vous iriez le crucifier vous-même en découvrant qu'il n'est pas tout à fait tel que vous l'espériez.
Ne cherchez pas les [i]Eva Cozésouci[/i] ni les autres farfelus qui rendaient les [b]Phoenix Wright[/b] si charmants. [b]Murder by numbers[/b] est plutôt une compilation de personnages agaçants, entre l'ex-mari au comportement incohérent, la starlette pleurnicharde et faussement égocentrique, mais aussi le policier antipathique et peu professionnel qui n'a pas le centième du charme projeté en paillettes par le moindre haussement d'épaules d'un [i]Dikc Tektiv[/i], enfin une tantouze au stade terminal, qui ferait passer les mimiques et les emportements stridents de Michel Serrault pour une montagne de subtilité. [b]Murder by numbers[/b] n'est pas un jeu qui compte un homme qui aime les hommes dans son casting mais un jeu qui milite, parfois avec aigreur, non pas pour la cause homosexuelle, mais pour son versant [i]cage aux folles[/i], avec une obsession si vive qu'on en arrive parfois à des situations au mieux maladroites.
L'écriture, en règle générale, est plus proche d'une [i]fanfiction[/i] que d'un travail professionnel. La logique y est aussi abérrante qu'un accent aigu devant un double [i]r[/i], la crédibilité des affaires abyssale, on se demande encore ce que fichent nos personnages sur des scènes de crime, ce que le second degré ne rend pas plus facile à avaler tant les justifications sont faiblardes. Le jeu est pourtant gourmand de grandes références policières, il ne se lasse jamais de citer Arthur Conan Doyle ou Agatha Christie, souvent sans raison, ce qui ne fait que le rendre plus petit encore en comparaison - et plus amateur. L'humour fait rarement mouche, malgré les artifices auditifs abusés jusqu'au dégoût pour nous forcer le rire. [i]Ba dum tsss[/i]. Si vous attendiez quelque chose de passionnant ou simplement de prenant, vous allez tomber d'aussi haut que vous aviez hissé vous espérances. Attendez-en peu pour ne pas être déçus. Si quelques noms connus fièrement accrochés tout en haut du générique de fin, sa jolie jaquette, son empaquetage soigné nous laissaient espérer mieux, il faut jouer à [b]Murder by Numbers[/b] en se gardant d'oublier que c'est un [b]Picross[/b] bavard avant tout, ce qui est déjà très bien. Il ne faut surtout pas le prendre pour autre chose.
Côté [i]gameplay[/i], ce n'est pas parfait non plus. Les séquences de pêche aux indices, sans intérêt, ne sont là que pour rappeler [b]Phoenix Wright[/b] à notre bon souvenir ; on cherche des objets non modélisés dans un [i]jpg[/i] vide et sans coeur, on scanne la pièce à l'aveugle, en attendant que le curseur devienne rouge pour déclencher un puzzle, parfois sur un coin de porte, parfois sur un bout de meuble, sans qu'on comprenne pourquoi.
Heureusement, les [i]picross[/i] en eux-même sont extrêmement bien fichus - certains sont véritablement retors si l'on veut les résoudre sans aide. Et pourtant il leur manque une vertu essentielle : l'aspect visuel. Alors qu'on est habitués à s'amuser de leur [i]pixel art[/i] au fur et à mesure que l'on remplit les grilles, à découvrir petit à petit de quoi il s'agit, [b]Murder by Numbers[/b] passe complètement à côté de son sujet. Côté [i]picross[/i], c'est le degré zéro de l'esthétisme. N'allez surtout pas chercher des indices dans les formes que vous êtes en train de dessiner. Les objets que l'on découvre sont au mieux des dégueulis de pixels inintelligibles, des taches noires sans logique qui, lorsqu'on les résout, se colorent sans mieux ressembler à quelque chose. Même avec le nom de l'objet qui s'affiche au-dessus du tableau résolu, on plisse encore les yeux en essayant de comprendre le dessin. [i]"Vraiment, ce truc, c'est un passeport ?"[/i]. Alors que le jeu est plutôt joli et que son interface est à la fois claire et bien organisée, l'aspect visuel des [i]picross[/i] est étonnamment raté ; ce ne sont que des bouillies, et on ne peut pas apprécier la vue d'ensemble alors qu'on en finit le remplissage. Mais ils sont très agréables à résoudre et c'est avant tout pour cela qu'on est venus.
Si vous arrivez à passer outre ses nombreuses faiblesses, vous trouverez dans [b]Murder by Numbers[/b] un jeu relativement bien fait, la rencontre gentillette entre [b]Ace Attorney[/b] et [b]Picross[/b]. C'est assez rare pour retenir votre intérêt. Et puis ça change, de résoudre des grilles autrement que les unes après les autres sur fond blanc.
Notez qu'à l'heure actuelle, les succès du jeu ne fonctionnent pas. Et que [b]Murder by Numbers[/b] refusera de se lancer sur des Windows 32 bits, ce qui est tout de même dommage pour un jeu techniquement si modeste. S'il vous reste un petit appareil des années 2010 sur lequel vous faites tourner vos jeux du genre, quand bien même il serait sous [i]Seven[/i], si ce n'est pas un 64 bits, ça sera en [i]remote play[/i] ou rien.
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