Temps de jeu:
532 minutes
Rarissime aspect positif de la dernière version de Twitter (depuis le rachat de Musk, quoi) : j'arrive à découvrir des jeux juste avec la régie publicitaire du site. Ce fut notamment le cas avec Corpus Edax que j'ai acheté quasiment instantanément tant l'idée d'un petit simulateur immersif pas trop moche me plaisait. Mais voilà, CE n'est pas un jeu exempt de défauts même s'il faut saluer la performance de l'unique développeur sur ce projet.
[h1] "Kezkecé, stistoare ?" - Chicandier [/h1]
On est donc mis dans les pompes d'une personne envoyée sur une autre planète afin d'accomplir des boulots incroyables tels que la livraison de bouffe et qui va au cours d'une hallucination onirique se retrouver mêlée aux agissements de l'insurrection locale. J'avoue cependant ne pas avoir bien saisi si nous étions prisonniers ou si le jeu voulait pousser le délire dystopique à tout le monde. Impossible toutefois de ne pas relever que l'interdiction de la musique et l'obligation de l'anglais comme lingua franca ont contribué à donner une certaine couleur au propos du jeu. CE n'a toutefois pas le temps de verser dans la branlette intellectuelle puisque sa courte (de 3 à 6 heures) durée de vie débouche sur un jeu très linéaire où les évolutions scénaristiques se constitueront principalement d'assassinats que les alliés du protagoniste lui commanditent. On aura le droit à quelques dialogues pas franchement écrits et puis zou ! On pourra se mettre le développement de personnages au cul, ce qui reste vraiment étrange dans un jeu de ce genre.
C'est donc narrativement pauvre et loin des inspirations ludiques du jeu, Deus Ex en tête. Mention spéciale à la fin mielleuse à souhait ! Mais honnêtement, c'est pas ce qu'on demande à un jeu vidéo et tout simulateur immersif qu'il prétende être, je peux comprendre que le dev du jeu ait désiré allouer ses ressources aux briques ludiques.
[h1] Léo Goldé [/h1]
Le vrai argument de différenciation du jeu repose sur le fait que même si on a affaire à un jeu d'anticipation en vue subjective, vous ne trouverez pas d'armes à feu ni de vraie option de combat à distance. A la place, on a droit à jeu de rôle et d'action avec un système de combat uniquement basé sur le corps-à-corps reposant sur une certaine interactivité possible entre le corps du personnage, les décors et les déplacements. Ne vous attendez cependant pas à du déplacement façon Mirror's Edge, des puzzles sauce Resident Evil ou à des passes d'armes dignes de Dying Light, ce qui reste compréhensible au regard de la taille du projet.
La recette repose ainsi sur le maniement très sommaire d'armes allant du balais au tuyau mais aussi sur le jet de gadgets plus ou moins léthaux (incluant couteaux, tessons de verre, tout le rayon chaises d'Ikéa, etc). Tout est consommable et cassable, ce qui tranche un peu avec la monotonie du scénario et du bestiaire (un drone volant et un modèle de bidasse) : la joueuse ou le joueur ne pourra jamais se reposer sur une arme ou une tactique bien longtemps ! (ce qui est plutôt une qualité)
Soyons honnête, si c'est un peu rigide, CE n'est pas trop mal équilibré. Aucun des systèmes ludiques aboutis du jeu n'est raté si on fait exception d'un mini-jeu de piratage vraiment impossible sans investir quelques points dans la fiche de personnage. J'ai par exemple pris plus ou moins de plaisir à dompter la façon dont les serrures à crocheter font réagir le curseur de ma souris via une certaine inertie. La simplicité de la fiche de personnage fut également bienvenue, très claire et ne versant pas dans des cascades de chiffres abscons. C'est donc rudimentaire et on reste souvent en surface mais l'expérience n'est jamais vraiment désagréable si on excepte une IA vraiment débile lorsqu'il s'agit d'aborder les obstacles.
[h1] Adaptation difficile [/h1]
En revanche, Corpus Edax souffre de la simplicité de ses niveaux et s'il y a bien quelques surprises, notamment dans le labo où la société qu'on infiltre développe des substances toxiques via des plantes exotiques, on reste quand même sur des environnements très peu ouverts.
A l'instar de son scénario, pas mal de briques et de systèmes ludiques sont restés à l'état embryonnaire à commencer par un système de réputation qui ne sert strictement à rien, incluant une unique faction. On croise bien d'autres styles de personnages, notamment un gang dont l'allure m'a rappelé les péons au service du protagoniste principal dans Crime Boss: Rockay City, ainsi que des corpoflics. Mais c'est un peu tout. On a d'ailleurs une stat de la fiche de personnage dédiée aux conversations mais elle n'est quasiment jamais mobilisée dans le jeu. L'argent sert également surtout à acheter du soin via des distributeurs puisqu'on ne trouve qu'un unique marchand tout au long du jeu.
Soulignons aussi la présence d'un genre de bâton de Gambit des X-Men, plantable sur les murs afin de déployer une plateforme fragile... qui ne sert quasiment pas tant le jeu ne vous demandera jamais d'explorer ses cartes.
[h1] Ils avaient pensé à installer des cerisiers du Japon tout le long de la planète [/h1]
Je dois concéder que si la direction artistique du jeu est simpliste, tout n'est pas à jeter. Le dev a fait un bon petit boulot notamment quand on touche à une poignée de panoramas urbains dégageant de belles impressions un peu mélancoliques.
CE fait également un usage parcimonieux mais assez adroit (pour un petit projet) des brouillards volumétriques. L'éclairage ainsi que la gestion des couleurs viennent aussi en support de l'ambiance d'un soft dont la bande originale n'est pas franchement mémorable.
Reste quand même que la majorité des personnages sont visuellement franchement étranges, leur oeil très fixe contribuant à rendre la plupart des interactions un peu déstabilisante. Que dire aussi de textures souvent un peu plates ? Elles s'intègrent malgré tout pour la plupart de manière cohérente dans l'univers qu'elles habillent.
Au sujet de la technique "qui technique", je dois aussi noter la présence de quelques bugs d'affichage ainsi que des soucis liés au moteur physique. Il n'est en effet pas si rare de voir des PNJs manipuler des objets apparaissant à un mètre de leur main tandis que certains ennemis sembleront frappés par des maux inexpliqués en passant à côté de certains objets (souvent des escaliers, des rambardes, etc), au point de trébucher en boucle en prenant des dégâts. Quelques moments pas franchement immersifs, donc.
[h1] Le mot de la fin [/h1]
On a en définitive affaire à un petit jeu qui réussit quelques trucs mais de peu. Corpus Edax propose une expérience relativement honnête, assez courte et très rarement marquante. Marqué du sceau de la simplicité, le jeu peine à faire valoir ses qualités d'ImSim, au point qu'on serait en droit de le décréter franchement médiocre si on ne le considérait que sous cet angle. Au contraire, CE reste un jeu d'action/combat en vue subjective simpliste mais agréable, au propos diaphane (et donc pas trop chiant), livré dans un emballage visuel qui tient la route. Au global, j'aurais donc du mal à ne pas saluer la performance d'une quasi-unique personne aux manettes car si l'expérience n'est pas parfaite, un tel investissement force toujours un peu l'admiration.
En revanche, et c'est l'un de mes principaux griefs vis-à-vis du jeu, il est vendu vraiment trop cher. Au vu de la rejouabilité théorique, la vingtaine d'euros demandée constitue une barrière à l'entrée plutôt élevée et à moins d'être vraiment en manque de simulateurs immersifs ou d'être très curieux, en l'état, je ne peux que suggérer d'attendre une promo autour de 10-13€.
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