Temps de jeu:
64 minutes
[b]Et j'ai crié, crié...[/b]
Ce genre de très court petit jeu à tout petit prix est typiquement ce qui attire mon attention quand je farfouille dans les tréfonds de Steam avec la curiosité de découvrir de petits projets amateurs et de les évaluer avec tolérance pour saluer avant tout la créativité de leurs auteurs.
Mais là, non, c'est pas possible.
J'ai pourtant également un a priori positif sur les point&click constitués de photos, sorte de version statique d'un FMV, permettant d'explorer un lieu réel.
J'ai en vérité acheté le jeu presque entièrement sur la base de la photo de ce bâtiment de briques rouges couvert de graffitis qui m'intriguait. Et j'ai d'ailleurs apprécié l'environnement utilisé, un entrepôt désaffecté rempli d'appareils rouillés et de déchets, parfait pour ce genre de jeu.
Malheureusement, l'enthousiasme est refroidi dès le lancement du jeu.
Celui-ci apparaît en mode fenêtré et l'inventaire placé dans une colonne sur la droite de l'écran n'est pas visible si on ne redimensionne pas pour recadrer.
Le développeur a jugé bon de nous adresser d'entrée ce message : "[i]Sorry about the graphics, I had 0$ budget[/i]". Si je m'attendais naturellement à ce que le jeu ne soit pas exempt de défauts et présente une interface simple et austère, je n'étais pas préparé pour le désastre à suivre.
L'aventure débute directement devant cette fameuse bâtisse rouge sans aucune présentation de la situation ni explication de qui on est, où on est, ce qu'on doit y faire et pourquoi.
Dans un jeu vidéo, on peut souvent se retrouver dans la traditionnelle situation d'amnésie où l'enjeu est précisément de rassembler les éléments permettant de répondre à ces questions. Plein de walksim peuvent s'en passer parce qu'on y évolue dans un espace temporel entre parenthèse sans nécessité de se référer à ce qui le précède ou le suit. Dans un escape game, la logique de quitter les lieux s'impose logiquement. D'autres jeux débutent par un événement qui impose une réaction de notre part (faire face, fuir ou élaborer une solution pour y répondre). Ici, rien ne nous incite à explorer les lieux dans ses moindres recoins et on y trouve d'ailleurs que des détritus anodins comme une boîte de conserve ouverte ou un chien agressif qui s'apprête à se jeter sur nous. Il faut donc lire la présentation du jeu sur Steam pour apprendre qu'on doit absolument retrouver une certaine Alina qui a disparu et récolter des indices qui pourraient nous mettre sur sa trace. Il y a pourtant des visages dessinés sur la plage qu'on devrait accepter de voir disparaître sans pleurs ni peine.
Les possibilités de déplacement ne sont jamais visibles à l'écran, même quand on place le curseur de la souris au bon endroit. On peut facilement rater l'accès à un lieu si on ne clique pas systématiquement partout car certaines issues sont relativement discrètes sur les photos, ce qui est difficile à justifier car visiblement on emprunte en fait que des passages évidents.
L'angle sous lequel sont prises les photos empêche souvent de s'orienter de manière logique, on ne va pas intuitivement où on veut et on s'agace vite à tourner en rond. Il n'y a pas toujours un lien évident dans l'enchaînement de différents lieux. Il arrive par exemple qu'après être allé en avant sur la droite pour quitter un lieu, il faudra à la photo suivante continuer d'avancer en allant en arrière vers la gauche!
Les possibilités d'action ou d'utilisation d'un objet sélectionné dans l'inventaire sont difficiles à repérer sans essayer un peu partout et il est également facile de rater quelque chose. La description des objets qu'on peut repérer dans le décor tarde à s'afficher quand on les pointe et je n'ai remarqué cette fonctionnalité que sur la fin de ma partie.
La gestion de l'inventaire est de plus un peu lourde et ne permet pas de combiner plusieurs objets entre eux.
L'incrustation d'éléments est grossière et particulièrement inesthétique, avec mention spéciale pour le chien. La plupart des objets qu'on doit récupérer sont ainsi mis en évidence pour cette raison.
Le jeu ne possède aucun son. Autant on peut s'attendre à l'absence de doublage, autant il est plus regrettable de ne profiter d'aucune musique ni du moindre bruitage.
L'ambiance générale s'en ressent fortement mais rien ne vient non plus valider immédiatement une bonne action, comme être récompensé d'avoir remis en route le générateur par le vrombissement de son moteur ou d'avoir trouvé le bon code protégeant un coffre par le cliquetis de la serrure.
Il faut aussi aborder la question de l'absurdité des énigmes.
Comme celle de l'échelle qui oblige à se rendre quelque part pour l'installer afin de pouvoir se rendre dans ce même endroit. Ou celle de la cabane à outils qui va vous rendre fou. Ou la recherche des passwords qui associe solution un peu tirée par les cheveux et manipulation simultanée du clavier et de la souris pour entrer le code.
On peut aussi signaler qu'aucune sauvegarde n'est possible car le jeu est vraisemblablement conçu pour être terminé en une fois. J'ai en effet mis moins d'une heure pour en arriver à bout, en perdant beaucoup de temps avec cette satanée cabane à outils et ces passwords, mais il est sûrement possible de tout faire en moins de 10 minutes.
Enfin, tout ça pour déboucher sur une fin en queue de poisson avec une simple photo pour seule récompense et un texte qui révèle qu'il faudra poursuivre nos recherches au-delà de ce qui n'est en vérité qu'un premier épisode pour enfin espérer un jour retrouver Alina.
Bref, j'ai abordé ce [i]Finding Alina[/i] sans trop d'attentes et juste la curiosité de découvrir la création proposée par ce développeur dans un genre que j'apprécie a priori. Et bien, malgré ça, j'ai été terriblement déçu. Même si le jeu n'est vendu qu'à un prix symbolique et qu'au pire il ne fait perdre qu'une heure de temps, je vais lui attribuer un pouce rouge car il y a bien assez d'autres super jeux pour ne pas s'attarder sur celui-là qui me donne l'impression d'un premier projet un peu bâclé avant d'être véritablement abouti.
👍 : 5 |
😃 : 1