Avis sur ESC

❤️

Mind-blowing interactive reading experience. The less you know, the better.

Difficile de mettre des mots précis sur l'expérience que propose ESC, tant ce jeu est singulier même pour un jeu textuel. Il reste néanmoins très abordable (à partir du moment où on lit l'anglais sans trop de souci) et on se laisse vite embarquer parce qu'il a à nous raconter. Egalement par comment il nous le raconte, car tout ce qu'on lit fait l'objet de choix visuels, de rythme d'écriture et d'ambiance sonore qui donne du corps à toutes ces phrases (et pour l'ambiance sonore, avec la compositrice Lena Raine comme créatrice de ce jeu, je savais que je n'allais pas être déçu). J'éviterai de trop rentrer dans les détails des sujets abordés par le jeu, mais ils sont assez nombreux et sont traités avec intelligence et une belle plume. Je spoilerai uniquement un des thèmes, qui arrive assez tôt et n'est pas majeur dans l'intrigue mais qui a pas mal résonné chez moi. En effet, je trouve que Lena Raine a retranscrit avec talent (et sur un temps assez court) la façon dont se tissent les relations en ligne ; sur comment des personnes avec qui on agit dans un espace virtuel vont tantôt nous agacer par leur sérieux excessif pour l'un, tantôt nous fatiguer avec une grammaire un peu limite pour l'autre, etc... et comment à mesure des expériences communes on se lie avec ces personnes et prend du recul sur ces agacements qui deviennent alors anodins. Ca a peut-être l'air mièvre, ainsi couché dans une review steam, mais j'ai trouvé très touchante l'écriture qui, sans lourdeur et sans l'expliciter, recrée ce sentiment. Une oeuvre qui montre qu'avec deux touches et uniquement du texte à lire, on peut créer du jeu. :)

ESC est un jeu narratif principalement textuel. Des visuels, de la musique et des sons viennent agrémenter l'expérience mais concrètement, on passe un peu plus de 4h à lire du texte (je préfère être clair pour celles et ceux que ça pourrait rebuter). La durée de vie dépendra donc principalement de la rapidité de lecture et de l'aisance en anglais de chacun·e. Pour ce qui est du scénario, je n'ai pas spécialement envie d'aller plus loin que le synopsis donné sur la page du jeu, donc ça parle d'identité, de roleplay et de rêves. La forme est intéressante, les personnages bien écrits, le ton convaincant. La musique sert très bien l'ambiance de chaque passage et on se retrouve très vite aspiré·e et impatient·e d'avoir la suite. Note : je me permets de paraphraser [url=twitter.com/kuraine/status/1332804576064327681] un des tweets de Lena Raine (la développeuse du jeu) [/url] pour préciser que : malgré ce que les screenshots peuvent laisser penser, ESC n'est pas un jeu d'horreur. L'esthétique glitchée et certains passages peuvent être inquiétants, mais globalement ça reste plutôt léger.